Deux millions de Français victimes de l'inceste
Pour la première fois, un sondage
évalue le nombre de personnes concernées par ces abus, «fléau de santé
publique». Dans le même temps, un rapport parlementaire propose une
modification du Code pénal.
«Pour que les victimes puissent se reconstruire, il faut que le mal soit nommé», plaide la députée UMP de l'Yonne, Marie-Louise Fort, qui remet mercredi un rapport sur ce thème aux ministères de la Justice, de la Santé et de la Famille. Presque quatre ans après le rapport Estrosi sur ce sujet, elle propose donc d'intégrer la notion d'inceste dans le Code pénal. Actuellement, il est poursuivi comme viol, agression ou atteinte sexuelle avec circonstance aggravante s'il est commis par ascendant ou personne ayant autorité. Cette modification induirait que toute relation sexuelle incestueuse sur un mineur soit de fait assimilée à une contrainte.
Réticence des magistrats
L'AIVI milite pour sa part pour une inscription au Code pénal en tant que crime spécifique pour éviter qu'un viol puisse être jugé comme un délit, «ce qui arrive très souvent et minimise la peine infligée», déplore Isabelle Aubry. Un certain nombre de magistrats se montrent de leur côté réticents, par peur de la multiplication des catégories juridiques. Et soulignent au passage la meilleure prise en compte des victimes depuis plusieurs années, notamment avec le rallongement du délai de la prescription à vingt ans. Les Français, eux, se prononcent à 91 % en faveur de cette inscription. Mais ils sont peu nombreux à savoir réagir face à l'inceste. Ayant connaissance d'un cas concernant un enfant mineur, deux personnes sur trois ignorent en effet qu'elles doivent révéler cette information immédiatement aux autorités, même sans preuve.Pour ce qui est de l'accompagnement et du soin, Marie-Louise Fort recommande une simplification des parcours judiciaires et médico-sociaux et une meilleure information. Via notamment le renforcement de structures existantes et le développement dans chaque département d'un centre de référence pour les traumatismes psychiques .«À l'heure actuelle, les victimes attendent parfois six mois pour une consultation spécialisée», indique le docteur Vila.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/01/27/01016-20090127ARTFIG00595-deux-millions-de-francais-victimes-de-l-inceste-.php
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