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dimanche 31 janvier 2016

Le manifeste du Parti communiste K. Marx - F. Engels





1847




Le manifeste du Parti communiste

K. Marx - F. Engels

Sommaire

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Préface de l'édition allemande de 1872 Préface de l'édition russe de 1882 Préface de l'édition allemande de 1883 Préface de l'édition anglaise de 1888 Préface de l'édition allemande de 1890 Préface de l'édition polonaise de 1892 Préface de l'édition italienne de 1893

Le manifeste du Parti communiste

I. Bourgeois et prolétaires II. Prolétaires et communistes III. Littérature socialiste et communiste IV. Position des communistes envers les différents partis d’opposition

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"Cet ouvrage expose avec une clarté et une vigueur remarquables la nouvelle conception du monde, la matérialisme conséquent étendu à la vie sociale, la dialectique, science la plus vaste et la plus profonde de l'évolution, la théorie de la lutte des classes et du rôle révolutionnaire dévolu dans l'histoire mondiale au prolétariat, créateur d'une société nouvelle, la société communiste." Lénine



Le manifeste du Parti communiste
Un spectre hante l'Europe : le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le pape et le tsar, Metternich et Guizot [1] , les radicaux de France et les policiers d'Allemagne.
Quelle est l'opposition qui n'a pas été accusée de communisme par ses adversaires au pouvoir ? Quelle est l'opposition qui, à son tour, n'a pas renvoyé à ses adversaires de droite ou de gauche l'épithète infamante de communiste ?
Il en résulte un double enseignement.
Déjà le communisme est reconnu comme une puissance par toutes les puissances d'Europe.
Il est grand temps que les communistes exposent à la face du monde entier, leurs conceptions, leurs buts et leurs tendances; qu'ils opposent au conte du spectre communiste un manifeste du Parti lui-même.
C'est à cette fin que des communistes de diverses nationalités se sont réunis à Londres et ont rédigé le Manifeste suivant, qui est publié en anglais, français, allemand, italien, flamand et danois.

I. Bourgeois et prolétaires [2]
L'histoire de toute société jusqu'à nos jours [3] n'a été que l'histoire de luttes de classes.
Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande [4] et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte.
Dans les premières époques historiques, nous constatons presque partout une organisation complète de la société en classes distinctes, une échelle graduée de conditions sociales. Dans la Rome antique, nous trouvons des patriciens, des chevaliers, des plébéiens, des esclaves; au moyen âge, des seigneurs, des vassaux, des maîtres de corporation, des compagnons, des serfs et, de plus, dans chacune de ces classes, une hiérarchie particulière.
La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes Elle n'a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d'autrefois.
Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l'époque de la bourgeoisie, est d'avoir simplifié les antagonismes de classes. La société se divise de plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat.
Des serfs du moyen âge naquirent les bourgeois des premières agglomérations urbaines; de cette population municipale sortirent les premiers éléments de la bourgeoisie.
La découverte de l'Amérique, la circumnavigation de l'Afrique offrirent à la bourgeoisie naissante un nouveau champ d'action. Les marchés des Indes Orientales et de la Chine, la colonisation de l'Amérique, le commerce colonial, la multiplication des moyens d'échange et, en général, des marchandises donnèrent un essor jusqu'alors inconnu au négoce, à la navigation, à l'industrie et assurèrent, en conséquence, un développement rapide à l'élément révolutionnaire de la société féodale en dissolution.
L'ancien mode d'exploitation féodal ou corporatif de l'industrie ne suffisait plus aux besoins qui croissaient sans cesse à mesure que s'ouvraient de nouveaux marchés. La manufacture prit sa place. La moyenne bourgeoisie industrielle supplanta les maîtres de jurande; la division du travail entre les différentes corporations céda la place à la division du travail au sein de l'atelier même.
Mais les marchés s'agrandissaient sans cesse : la demande croissait toujours. La manufacture, à son tour, devint insuffisante. Alors, la vapeur et la machine révolutionnèrent la production industrielle. La grande industrie moderne supplanta la manufacture; la moyenne bourgeoisie industrielle céda la place aux millionnaires de l'industrie, aux chefs de véritables armées industrielles, aux bourgeois modernes.
La grande industrie a créé le marché mondial, préparé par la découverte de l'Amérique. Le marché mondial accéléra prodigieusement le développement du commerce, de la navigation, des voies de communication. Ce développement réagit à son tour sur l'extension de l'industrie; et, au fur et a mesure que l'industrie, le commerce, la navigation, les chemins de fer se développaient, la bourgeoisie grandissait, décuplant ses capitaux et refoulant à l'arrière-plan les classes léguées par le moyen âge.
La bourgeoisie, nous le voyons, est elle-même le produit d'un long développement, d'une série de révolutions dans le mode de production et les moyens de communication.
A chaque étape de l'évolution que parcourait la bourgeoisie correspondait pour elle un progrès politique. Classe opprimée par le despotisme féodal, association armée s'administrant elle-même dans la commune [5], ici, république urbaine indépendante; là, tiers état taillable et corvéable de la monarchie, puis, durant la période manufacturière. contrepoids de la noblesse dans la monarchie féodale ou absolue, pierre angulaire des grandes monarchies, la bourgeoisie, depuis l'établissement de la grande industrie et du marché mondial, s'est finalement emparée de la souveraineté politique exclusive dans l'Etat représentatif moderne. Le gouvernement moderne n'est qu'un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière.
La bourgeoisie a joué dans l'histoire un rôle éminemment révolutionnaire.
Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l'homme féodal à ses "supérieurs naturels", elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du "paiement au comptant". Elle a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l'unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la place de l'exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale.
La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu'on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages.
La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n'être que de simples rapports d'argent.
La bourgeoisie a révélé comment la brutale manifestation de la force au moyen âge, si admirée de la réaction, trouva son complément naturel dans la paresse la plus crasse. C'est elle qui, la première, a fait voir ce dont est capable l'activité humaine. Elle a créé de tout autres merveilles que les pyramides d'Egypte, les aqueducs romains, les cathédrales gothiques; elle a mené à bien de tout autres expéditions que les invasions et les croisades [6]
La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c'est-à-dire l'ensemble des rapports sociaux. Le maintien sans changement de l'ancien mode de production était, au contraire, pour toutes les classes industrielles antérieures, la condition première de leur existence. Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux, figés et couverts de rouille, avec leur cortège de conceptions et d'idées antiques et vénérables, se dissolvent; ceux qui les remplacent vieillissent avant d'avoir pu s'ossifier. Tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d'envisager leurs conditions d'existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés.
Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s'implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations.
Par l'exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l'industrie sa base nationale. Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore chaque jour. Elles sont supplantées par de nouvelles industries, dont l'adoption devient une question de vie ou de mort pour toutes les nations civilisées, industries qui n'emploient plus des matières premières indigènes, mais des matières premières venues des régions les plus lointaines, et dont les produits se consomment non seulement dans le pays même, mais dans toutes les parties du globe. A la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains. A la place de l'ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations. Et ce qui est vrai de la production matérielle ne l'est pas moins des productions de l'esprit Les oeuvres intellectuelles d'une nation deviennent la propriété commune de toutes. L'étroitesse et l'exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour plus impossibles et de la multiplicité des littératures nationales et locales naît une littérature universelle.
Par le rapide perfectionnement des instruments de production et l'amélioration infinie des moyens de communication, la bourgeoisie entraîne dans le courant de la civilisation jusqu'aux nations les plus barbares. Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie qui bat en brèche toutes les murailles de Chine et contraint à la capitulation les barbares les plus opiniâtrement hostiles aux étrangers. Sous peine de mort, elle force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production ; elle les force à introduire chez elle la prétendue civilisation, c'est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image.
La bourgeoisie a soumis la campagne à la ville. Elle a créé d'énormes cités; elle a prodigieusement augmenté la population des villes par rapport à celles des campagnes, et par là, elle a arraché une grande partie de la population à l'abrutissement de la vie des champs. De même qu'elle a soumis la campagne à la ville, les pays barbares ou demi-barbares aux pays civilisés, elle a subordonné les peuples de paysans aux peuples de bourgeois, l'Orient à l'Occident.
La bourgeoisie supprime de plus en plus l'émiettement des moyens de production, de la propriété et de la population. Elle a aggloméré la population, centralisé les moyens de production et concentré la propriété dans un petit nombre de mains. La conséquence totale de ces changements a été la centralisation politique. Des provinces indépendantes, tout juste fédérées entre elles, ayant des intérêts, des lois, des gouvernements, des tarifs douaniers différents, ont été réunies en une seule nation, avec un seul gouvernement, une seule loi, un seul intérêt national de classe, derrière un seul cordon douanier.
La bourgeoisie, au cours de sa domination de classe à peine séculaire, a créé des forces productives plus nombreuses; et plus colossales que l'avaient fait toutes les générations passées prises ensemble. La domestication des forces de la nature, les machines, l'application de la chimie à l'industrie et à l'agriculture, la navigation à vapeur, les chemins de fer, les télégraphes électriques, le défrichement de continents entiers, la régularisation des fleuves, des populations entières jaillies du sol - quel siècle antérieur aurait soupçonné que de pareilles forces productives dorment au sein du travail social ?
Voici donc ce que nous avons vu : les moyens de production et d'échange. sur la base desquels s'est édifiée la bourgeoise, furent créés à l'intérieur de la société féodale. A un certain degré du développement de ces moyens de production et d'échange, les conditions dans lesquelles la société féodale produisait et échangeait, l'organisation féodale de l'agriculture et de la manufacture, en un mot le régime féodal de propriété, cessèrent de correspondre aux forces productives en plein développement. Ils entravaient la production au lieu de la faire progresser. Ils se transformèrent en autant de chaînes. Il fallait les briser. Et on les brisa.
A sa place s'éleva la libre concurrence, avec une constitution sociale et politique appropriée, avec la suprématie économique et politique de la classe bourgeoise.
Nous assistons aujourd'hui à un processus analogue. Les conditions bourgeoises de production et d'échange, le régime bourgeois de la propriété, la société bourgeoise moderne, qui a fait surgir de si puissants moyens de production et d'échange, ressemblent au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu'il a évoquées. Depuis des dizaines d'années, l'histoire de l'industrie et du commerce n'est autre chose que l'histoire de la révolte des forces productives modernes contre les rapports modernes de production, contre le régime de propriété qui conditionnent l'existence de la bourgeoisie et sa domination. Il suffit de mentionner les crises commerciales qui, par leur retour périodique, menacent de plus en plus l'existence de la société bourgeoise. Chaque crise détruit régulièrement non seulement une masse de produits déjà créés, mais encore une grande partie des forces productives déjà existantes elles-mêmes. Une épidémie qui, à toute autre époque, eût semblé une absurdité, s'abat sur la société, - l'épidémie de la surproduction. La société se trouve subitement ramenée à un état de barbarie momentanée; on dirait qu'une famine, une guerre d'extermination lui ont coupé tous ses moyens de subsistance; l'industrie et le commerce semblent anéantis. Et pourquoi ? Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d'industrie, trop de commerce. Les forces productives dont elle dispose ne favorisent plus le régime de la propriété bourgeoise; au contraire, elles sont devenues trop puissantes pour ce régime qui alors leur fait obstacle; et toutes les fois que les forces productives sociales triomphent de cet obstacle, elles précipitent dans le désordre la société bourgeoise tout entière et menacent l'existence de la propriété bourgeoise. Le système bourgeois est devenu trop étroit pour contenir les richesses créées dans son sein. - Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D'un côté, en détruisant par la violence une masse de forces productives; de l'autre, en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant plus à fond les anciens. A quoi cela aboutit-il ? A préparer des crises plus générales et plus formidables et à diminuer les moyens de les prévenir. Les armes dont la bourgeoisie s'est servie pour abattre la féodalité se retournent aujourd'hui contre la bourgeoisie elle-même.
Mais la bourgeoisie n'a pas seulement forgé les armes qui la mettront à mort; elle a produit aussi les hommes qui manieront ces armes, les ouvriers modernes, les prolétaires.
A mesure que grandit la bourgeoisie, c'est-à-dire le capital, se développe aussi le prolétariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu'à la condition de trouver du travail et qui n'en trouvent que si leur travail accroît le capital. Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise, un article de commerce comme un autre; ils sont exposés, par conséquent, à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché.
Le développement du machinisme et la division du travail, en faisant perdre au travail de l'ouvrier tout caractère d'autonomie, lui ont fait perdre tout attrait. Le producteur devient un simple accessoire de la machine, on n'exige de lui que l'opération la plus simple, la plus monotone, la plus vite apprise. Par conséquent, ce que coûte l'ouvrier se réduit, à peu de chose près, au coût de ce qu'il lui faut pour s'entretenir et perpétuer sa descendance. Or, le prix du travail [7], comme celui de toute marchandise, est égal à son coût de production. Donc, plus le travail devient répugnant, plus les salaires baissent. Bien plus, la somme de labeur s'accroît avec le développement du machinisme et de la division du travail, soit par l'augmentation des heures ouvrables, soit par l'augmentation du travail exigé dans un temps donné, l'accélération du mouvement des machines, etc.
L'industrie moderne a fait du petit atelier du maître artisan patriarcal la grande fabrique du capitalisme industriel. Des masses d'ouvriers, entassés dans la fabrique, sont organisés militairement. Simples soldats de l'industrie, ils sont placés sous la surveillance d'une hiérarchie complète de sous-officiers et d'officiers. Ils ne sont pas seulement les esclaves de la classe bourgeoise, de l'Etat bourgeois, mais encore, chaque jour, à chaque heure, les esclaves de la machine, du contremaître et surtout du bourgeois fabricant lui-même. Plus ce despotisme proclame ouvertement le profit comme son but unique, plus il devient mesquin, odieux, exaspérant.
Moins le travail exige d'habileté et de force, c'est-à-dire plus l'industrie moderne progresse, et plus le travail des hommes est supplanté par celui des femmes et des enfants. Les distinctions d'âge et de sexe n'ont plus d'importance sociale pour la classe ouvrière. Il n'y a plus que des instruments de travail, dont le coût varie suivant l'âge et le sexe.
Une fois que l'ouvrier a subi l'exploitation du fabricant et qu'on lui a compté son salaire, il devient la proie d'autres membres de la bourgeoisie : du propriétaire, du détaillant, du prêteur sur gages, etc., etc.
Petits industriels, marchands et rentiers, artisans et paysans, tout l'échelon inférieur des classes moyennes de jadis, tombent dans le prolétariat; d'une part, parce que leurs faibles capitaux ne leur permettant pas d'employer les procédés de la grande industrie, ils succombent dans leur concurrence avec les grands capitalistes; d'autre part, parce que leur habileté technique est dépréciée par les méthodes nouvelles de production. De sorte que le prolétariat se recrute dans toutes les classes de la population.
Le prolétariat passe par différentes phases d'évolution. Sa lutte contre la bourgeoisie commence avec son existence même.
La lutte est engagée d'abord par des ouvriers isolés, ensuite par les ouvriers d'une même fabrique, enfin par les ouvriers d'une même branche d'industrie, dans une même localité, contre le bourgeois qui les exploite directement. Ils ne dirigent pas seulement leurs attaques contre les rapports bourgeois de production : ils les dirigent contre les instruments de production eux-mêmes; ils détruisent les marchandises étrangères qui leur font concurrence, brisent les machines, brûlent les fabriques et s'efforcent de reconquérir la position perdue de l'artisan du moyen age.
A ce stade, le prolétariat forme une masse disséminée à travers le pays et émiettée par la concurrence. S'il arrive que les ouvriers se soutiennent par l'action de masse, ce n'est pas encore là le résultat de leur propre union, mais de celle de la bourgeoisie qui, pour atteindre ses fins politiques propres, doit mettre en branle le prolétariat tout entier, et qui possède encore provisoirement le pouvoir de le faire. Durant cette phase, les prolétaires ne combattent donc pas leurs propres ennemis, mais les ennemis de leurs ennemis, c'est-à-dire les vestiges de la monarchie absolue, propriétaires fonciers, bourgeois non industriels, petits bourgeois. Tout le mouvement historique est de la sorte concentré entre les mains de la bourgeoisie; toute victoire remportée dans ces conditions est une victoire bourgeoise.
Or, le développement de l'industrie, non seulement accroît le nombre des prolétaires, mais les concentre en masses plus considérables; la force des prolétaires augmente et ils en prennent mieux conscience. Les intérêts, les conditions d'existence au sein du prolétariat, s'égalisent de plus en plus, à mesure que la machine efface toute différence dans le travail et réduit presque partout le salaire à un niveau également bas. Par suite de la concurrence croissante des bourgeois entre eux et des crises commerciales qui en résultent, les salaires deviennent de plus en plus instables; le perfectionnement constant et toujours plus rapide de la machine rend la condition de l'ouvrier de plus en plus précaire; les collisions individuelles entre l'ouvrier et le bourgeois prennent de plus en plus le caractère de collisions entre deux classes. Les ouvriers commencent par former des coalitions contre les bourgeois pour la défense de leurs salaires. Ils vont jusqu'à constituer des associations permanentes pour être prêts en vue de rébellions éventuelles. Çà et là, la lutte éclate en émeute.
Parfois, les ouvriers triomphent; mais c'est un triomphe éphémère. Le résultat véritable de leurs luttes est moins le succès immédiat que l'union grandissante des travailleurs Cette union est facilitée par l'accroissement des moyens de communication qui sont créés par une grande industrie et qui permettent aux ouvriers de localités différentes de prendre contact. Or, il suffit de cette prise de contact pour centraliser les nombreuses luttes locales, qui partout revêtent le même caractère, en une lutte nationale, en une lutte de classes. Mais toute lutte de classes est une lutte politique, et l'union que les bourgeois du moyen âge mettaient des siècles à établir avec leurs chemins vicinaux, les prolétaires modernes la réalisent en quelques années grâce aux chemins de fer.
Cette organisation du prolétariat en classe, et donc en parti politique, est sans cesse détruite de nouveau par la concurrence que se font les ouvriers entre eux. Mais elle renaît toujours, et toujours plus forte, plus ferme, plus puissante. Elle profite des dissensions intestines de la bourgeoisie pour l'obliger à reconnaître, sous forme de loi, certains intérêts de la classe ouvrière : par exemple le bill de dix heures en Angleterre.
En général, les collisions qui se produisent dans la vieille société favorisent de diverses manières le développement du prolétariat. La bourgeoisie vit dans un état de guerre perpétuel; d'abord contre l'aristocratie, puis contre ces fractions de la bourgeoisie même dont les intérêts entrent en conflit avec le progrès de l'industrie, et toujours, enfin, contre la bourgeoisie de tous les pays étrangers. Dans toutes ces luttes, elle se voit obligée de faire appel au prolétariat, de revendiquer son aide et de l'entraîner ainsi dans le mouvement politique. Si bien que la bourgeoisie fournit aux prolétaires les éléments de sa propre éducation, c'est-à-dire des armes contre elle-même.
De plus, ainsi que nous venons de le voir, des fractions entières de la classe dominante sont, par le progrès de l'industrie, précipitées dans le prolétariat, ou sont menacées, tout au moins, dans leurs conditions d'existence. Elles aussi apportent au prolétariat une foule d'éléments d'éducation.
Enfin, au moment où la lutte des classes approche de l'heure décisive, le processus de décomposition de la classe dominante, de la vieille société tout entière, prend un caractère si violent et si âpre qu'une petite fraction de la classe dominante se détache de celle-ci et se rallie à la classe révolutionnaire, à la classe qui porte en elle l'avenir. De même que, jadis, une partie de la noblesse passa à la bourgeoisie, de nos jours une partie de la bourgeoisie passe au prolétariat, et, notamment, cette partie des idéologues bourgeois qui se sont haussés jusqu'à la compréhension théorique de l'ensemble du mouvement historique.
De toutes les classes qui, à l'heure présente, s'opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique.
Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu'elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices; bien plus, elles sont réactionnaires : elles cherchent à faire tourner à l'envers la roue de l'histoire. Si elles sont révolutionnaires, c'est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat.
Quant au lumpenprolétariat [8], ce produit passif de la pourriture des couches inférieures de la vieille société, il peut se trouver, çà et là, entraîné dans le mouvement par une révolution prolétarienne; cependant, ses conditions de vie le disposeront plutôt à se vendre à la réaction.
Les conditions d'existence de la vieille société sont déjà détruites dans les conditions d'existence du prolétariat. Le prolétaire est sans propriété; ses relations avec sa femme et ses enfants n'ont plus rien de commun avec celles de la famille bourgeoise; le travail industriel moderne, l'asservissement de l'ouvrier au capital, aussi bien en Angleterre qu'en France, en Amérique qu'en Allemagne, dépouillent le prolétaire de tout caractère national. Les lois, la morale, la religion sont à ses yeux autant de préjugés bourgeois derrière lesquels se cachent autant d'intérêts bourgeois.
Toutes les classes qui, dans le passé, se sont emparées du pouvoir essayaient de consolider leur situation acquise en soumettant la société aux conditions qui leur assuraient leurs revenus propres. Les prolétaires ne peuvent se rendre maîtres des forces productives sociales qu'en abolissant leur propre mode d'appropriation d'aujourd'hui et, par suite, tout le mode d'appropriation en vigueur jusqu'à nos jours. Les prolétaires n'ont rien à sauvegarder qui leur appartienne, ils ont à détruire toute garantie privée, toute sécurité privée antérieure.
Tous les mouvements historiques ont été, jusqu'ici, accomplis par des minorités ou au profit des minorités. Le mouvement prolétarien est le mouvement spontané de l'immense majorité au profit de l'immense majorité. Le prolétariat, couche inférieure de la société actuelle, ne peut se soulever, se redresser, sans faire sauter toute la superstructure des couches qui constituent la société officielle.
La lutte du prolétariat contre la bourgeoisie, bien qu'elle ne soit pas, quant au fond, une lutte nationale, en revêt cependant tout d'abord la forme. Il va sans dire que le prolétariat de chaque pays doit en finir, avant tout, avec sa propre bourgeoisie.
En esquissant à grands traits les phases du développement du prolétariat, nous avons retracé l'histoire de la guerre civile, plus ou moins larvée, qui travaille la société actuelle jusqu'à l'heure où cette guerre éclate en révolution ouverte, et où le prolétariat fonde sa domination par le renversement violent de la bourgeoisie.
Toutes les sociétés antérieures, nous l'avons vu, ont reposé sur l'antagonisme de classes oppressives et de classes opprimées. Mais, pour opprimer une classe, il faut pouvoir lui garantir des conditions d'existence qui lui permettent, au moins, de vivre dans la servitude. Le serf, en plein servage, est parvenu a devenir membre d'une commune, de même que le petit-bourgeois s'est élevé au rang de bourgeois, sous le joug de l'absolutisme féodal. L'ouvrier moderne au contraire, loin de s'élever avec le progrès de l'industrie, descend toujours plus bas, au-dessous même des conditions de vie de sa propre classe. Le travailleur devient un pauvre, et le paupérisme s'accroît plus rapidement encore que la population et la richesse. Il est donc manifeste que la bourgeoisie est incapable de remplir plus longtemps son rôle de classe dirigeante et d'imposer à la société, comme loi régulatrice, les conditions d'existence de sa classe. Elle ne peut plus régner, parce qu'elle est incapable d'assurer l'existence de son esclave dans le cadre de son esclavage, parce qu'elle est obligée de le laisser déchoir au point de devoir le nourrir au lieu de se faire nourrir par lui. La société ne peut plus vivre sous sa domination, ce qui revient à dire que l'existence de la bourgeoisie n'est plus compatible avec celle de la société.
L'existence et la domination de la classe bourgeoise ont pour condition essentielle l'accumulation de la richesse aux mains des particuliers, la formation et l'accroissement du Capital; la condition d'existence du capital, c'est le salariat. Le salariat repose exclusivement sur la concurrence des ouvriers entre eux. Le progrès de l' industrie, dont la bourgeoisie est l'agent sans volonté propre et sans résistance, substitue à l'isolement des ouvriers résultant de leur concurrence, leur union révolutionnaire par l'association. Ainsi, le développement de la grande industrie sape, sous les pieds de la bourgeoisie, le terrain même sur lequel elle a établi son système de production et d'appropriation. Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs. Sa chute et la victoire du prolétariat sont également inévitables.


Notes

[1] Pie IX, élu pape en 1846, passait pour "un libéral", mais il n'était pas moins hostile au socialisme que le tsar Nicolas I° qui, dès avant la révolution de 1848, joua en Europe le rôle de gendarme. Juste à ce moment-là, il y eut lieu un rapprochement entre Metternich, chancelier de l'Empire autrichien et chef reconnu de toute la réaction européenne, et Guizot, historien éminent et ministre français idéologue de la grande bourgeoisie financière et industrielle et ennemi intransigeant du prolétariat. A la demande du gouvernement prussien, Guizot expulsa Marx de Paris. La police allemande persécutait les communistes non seulement en Allemagne mais aussi en France, en Belgique et même en Suisse, s'efforçant par tous les moyens d'entraver leur propagande. (N.R.)

[2] On entend par bourgeoisie la classe des capitalistes modernes, propriétaires des moyens de production sociale et qui emploient le travail salarié. On entend par prolétariat la classe des ouvriers salariés modernes qui, privés de leurs propres moyens de production, sont obligés pour subsister, de vendre leur force de travail. (Note d'Engels pour l'édition anglaise en 1888).

[3] Ou plus exactement l'histoire écrite. En 1847, l'histoire de l'organisation sociale qui a précédé toute l'histoire écrite, la préhistoire, était à peu près inconnue. Depuis Haxthausen a découvert en Russie la propriété commune de la terre. Maurer a démontré qu'elle est la base sociale d'où sortent historiquement toutes les tribus allemandes et on a découvert, petit à petit, que la commune rurale, avec possession collective de la terre, a été la forme primitive de la société depuis les Indes jusqu'à l'Irlande. Enfin, la structure de cette société communiste primitive a été mise à nu dans ce qu'elle a de typique par la découverte de Morgan qui a fait connaître la nature véritable de la gens et sa place dans la tribu. Avec la dissolution de ces communautés primitives commence la division de la société en classes distinctes, et finalement opposées. J'ai essayé d'analyser ce procès de dissolution dans l'ouvrage l'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, 2° édition, Stuttgart 1886. (Note d'Engels pour l'édition anglaise de 1888). Haxthausen, August (1792-1866), baron prussien. Le tsar Nicolas Ier l'autorisa à visiter la Russie pour y étudier le régime agricole et la vie des paysans (1843-1844). Haxthausen écrit un ouvrage consacré à la description des vestiges du régime communautaire dans les rapports terriens de la Russie. (N.R.) Maurer, Georg Ludwig (1790-1872), historien allemand; il étudia le régime de la Germanie et de l'Allemagne du moyen âge et fit un apport important à l'étude de la marche du moyen âge. (N.R.) Morgan, Lewis Henry (1818-1881), ethnographe, archéologue et historien américain. Grâce aux nombreuses données ethnographiques accumulées au cours de son étude du régime social et de la vie des Indiens de l'Amérique, Morgan fonda sa doctrine sur l'évolution de la gens en tant que la forme principale de la société primitive. C'est à lui également qu'appartient la tentative de diviser en périodes l'histoire de la société primitive sans classes. Marx et Engels appréciaient beaucoup l'oeuvre de Morgan. Marx fit un résumé de son ouvrage la Société ancienne (1877). Dans son ouvrage l'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, Engels cite les données de fait fournies par Morgan. (N.R.)

[4] Maître de jurande, c'est-à-dire membre de plein droit d'une corporation, maître du corps de métier et non juré. (Note d'Engels pour l'édition anglaise de 1888.)

[5] On désignait sous le nom de communes les villes qui surgissaient en France avant même qu'elles eussent conquis sur leurs seigneurs et maîtres féodaux l'autonomie locale et les droits politiques du "tiers état". D'une façon générale, l'Angleterre apparaît ici en tant que pays type du développement économique de la bourgeoisie; la France en tant que pays type de son développement politique. (Note d'Engels pour l'édition anglaise de 1888.)
C'est ainsi que les habitants des villes, en Italie et en France appelaient leur communauté urbaine, une fois achetés ou arrachés à leurs seigneurs féodaux leurs premiers droits à une administration autonome. (Note d'Engels pour l'édition allemande de 1890.)

[6] Expéditions militaires et colonisatrices entreprises en Orient par les gros féodaux et chevaliers de l'Europe de l'Ouest aux XI°-XIII° siècles sous le couvert du mot d'ordre religieux de libération de Jérusalem et de la Terre sainte du joug musulman. (N.R.).

[7] Dans les écrits postérieurs, Marx et Engels remplacent les expressions "valeur du travail" et "prix du travail" par ]es termes plus exacts "valeur de la force de travail" et "prix de la force du travail" introduits par Marx. (N.R.)

[8] Le lumpenprolétariat (terme emprunté de l'allemand où le mot "Lumpen" veut dire "haillons"), éléments déclassés, voyous, mendiants, voleurs, etc. Le lumpenprolétariat est incapable de mener une lutte politique organisée; son instabilité morale, son penchant pour l'aventure permettent à la bourgeoisie d'utiliser ses représentants comme briseurs de grève, membres des bandes de pogrom, etc. (N.R.)



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بيان الحزب الشيوعي



كارل ماركس و فريدريك انجلس








موقف الشيوعيين من مختلف أحزاب المعارضة


شبحٌ ينتاب أوروبا - شبح الشيوعية. ضد هذا الشبح اتحدت في طراد رهيب قوى أوروبا القديمة كلها: البابا و القيصر, مترنيخ و غيزو, الراديكاليون الفرنسيون و البوليس الألماني.
فأي حزب معارض لم يتهمه خصومه في السلطة بالشيوعية؟
و أي حزب معارض لم يرد, بدوره, تهمة الشيوعية الشائنة, إلى أقسام المعارضة الأكثر تقدمية, و إلى خصومه الرجعيين؟
و من هذا الواقع يُستنتج أمران:
إن قوى أوروبا كلها أصبحت تعترف بالشيوعية كـقوة.
إن الشيوعيين قد آن لهم أن يعرضوا, أمام العالم كله, طرق تفكيرهم, و أهدافهم, و اتجاهاتهم, و أن يواجهوا خرافة شبح الشيوعية ببيان من الحزب نفسه.
و لهذه الغاية, إجتمع في لندن شيوعيون من مختلف القوميات, و وضعوا البيان الآتي, الذي سيصدر باللغات: الإنكليزية, و الفرنسية, و الألمانية, و الإيطالية, و الفلمنكية, و الدانماركية.


الفصل الأول
برجوازيون و بروليتاريون(1)


إن تاريخ أي مجتمع (2) حتى الآن, ليس سوى تاريخ صراعات طبقية .
حر و عبد, نبيل و عامي, بارون و قن, معلم و صانع (3), و بكلمة ظالمون و مظلومون, في تعارض دائم, خاضوا حربا متواصلة, تارة معلنة و طورا مستترة, حربا كانت تنتهي في كل مرة إما بتحول ثوري للمجتمع كله, إما بهلاك كلتا الطبقتين المتصارعتين .
و في العهود التاريخية الأولى نجد, في كل مكان تقريبا, تقسيما كاملا للمجتمع إلى مراتب متمايزة, (نلقى) تدرجا متفاوتا للمنزلة المجتمعية. ففي روما القديمة, كان ثمة نبلاء, و فرسان, و عامة, و عبيد, و في القرون الوسطى, أسياد و إقطاعيون, و مقطعون, و معلمون و صناع, و أقنان. و إضافة إلى ذلك نجد, في كل طبقة من هذه الطبقات, تراتبية فارقة .
و المجتمع البرجوازي العصري, الذي قام على أنقاض المجتمع الإقطاعي, لم يلغ التناحرات الطبقية, بل أحل فقط محل الطبقات القديمة طبقات جديدة, و حالات اضطهاد جديدة, و أشكالا جديدة للنضال .
غير أن عصرنا, عصر البرجوازية, يتميز بتبسيطه التناحرات الطبقية. فالمجتمع كله ينقسم أكثر فأكثر إلى معسكرين كبيرين متعاديين, إلى طبقتين كبيرتين متجابهتين مباشرة: البرجوازية و البروليتاريا.
فمن أقنان القرون الوسطى تحدّر سكان أولى البلدات. و من هؤلاء السكان تكونت الأصول الأولى للبرجوازية .
فاكتشاف أمريكا و الطواف البحري حول إفريقيا أوجد للبرجوازية الناشئة مرتعا جديدا. إن سوق الهند الشرقية و الصين, و استعمار أمريكا, و التبادل مع المستعمرات, و ازدياد وسائل التبادل, و السِّلع عموما, وفرت للتجارة و الملاحة و الصناعة دفعا لم يسبق له مثيل, و بالتالي وفرت نموا سريعا للعنصر الثوري في المجتمع الإقطاعي المتداعي .
و مع الأسواق الجديدة لم يعد نمط الإنتاج الإقطاعي, أو المشغل الحرفي في الصناعة, يسدُّ الحاجة المتنامية, فحلّت المانيفاتورة محل هذ النمط, و أزاح الصناعيون المتوسطون أصحاب المشاغل الحرفية, و زال تقسيم العمل بين الجمعيات الحرفية المختلفة أمام تقسيم العمل في الورشة الواحدة.
بيد أن الأسواق كانت تـتسع و الطلب كان يزداد باستمرار فأمست المانيفاتورة عاجزة بدورها؛ و عندئذٍ, ثوَّر البخار و الآلة الإنتاج الصناعي, و حلت الصناعة الكبيرة الحديثة محل المانيفاتورة, و حل الصناعيون أصحاب الملايين, أساطين جيوش صناعة بأكملها, أي البرجوازيون العصريون, محل الصناعيين المتوسطين .
و الصناعة الكبيرة أوجدت السوق العالمية التي مهد لها اكتشاف أمريكا. و السوق العالمية أنمت, بما لا يُـقاس, التجارة و الملاحة و المواصلات البرية. و هذا النمو أثّر بدوره في توسيع الصناعة, فبقدر ما كانت الصناعة و التجارة و الملاحة و السكك الحديدية تتوسع, كانت البرجوازية تتطور, و تُـنمّي رساميلها, و تدفع إلى المؤخرة بكل الطبقات الموروثة عن القرون الوسطى.
و هكذا نرى كيف أن البرجوازية العصرية نفسها, هي نتاج مسار تطور طويل, و سلسلة تحولات في نمط الإنتاج و المواصلات.
فكل مرحلة, من مراحل تطور البرجوازية تلك, كانت مشفوعة بتقدم سياسي متطابق. فالبرجوازية: فئة مقهورة تحت سيطرة الإقطاعيين, و عُصبة مسلحة تسوس نفسها بنفسها في -الكمونة(4)- جمهورية مدينية مستقلة هنا, و طبقة عوامٍ مُـلزمة بدفع الضرائب للنظام الملكي هناك - و قوة موازنة للنبالة زمن المانيفاتورة في النظام الملكي المقيَّد أو المطلَق, و حجر الزاوية للأنظمة الملكية الكبيرة بوجه عام, (هذه البرجوازية) انتَزعت أخيرا, بقيام الصناعة الكبيرة و السوق العالمية, السلطة السياسية كاملة في الدولة التمثيلية العصرية. و سلطة الدولة الحديثة ليست سوى هيئة تدير المصالح المشتركة للطبقة البرجوازية بأسرها .
فالبرجوازية لعبت, في التاريخ, دورا ثوريا بارزا كل البروز .
و البرجوازية حيث ظفرت بالسلطة دمرت كل العلاقات الإقطاعية من كل لون, التي كانت تربط الإنسان بسادته الطبيعيين, و لم تُـبق على أية رابطة بين الإنسان و الإنسان سوى رابطة المصلحة البحتة, و الإلزام القاسي بـ "الدفع نقدا". و أغرقت الرعشة القدسية للورع الديني, و الحماسة الفروسية, و عاطفة البرجوازية الصغيرة, في أغراضها الأنانية المجرَّدة من العاطفة, و حولت الكرامة الشخصية إلى قيمة تبادلية, و أحلّت حرية التجارة الغاشمة وحدها, محل الحريات المُـثـبَتة و المكتسبَة التي لا تحصى. و بكلمة أحلّت استغلالا مباحا وقحا مباشرا و dir=rtl)شرسا, محل الإستغلال المُغلَّف بأوهام دينية .
فالبرجوازية جرّدت كل الفعاليات, التي كان يُنظر إليها حتى ذلك الحين بمنظار الهيبة و الخشوع, من هالتها. فحوّلت الطبيب و رجل القانون و الكاهن و الشاعر و العالم, إلى أجراء في خدمتها .
و البرجوازية نزعت حجاب العاطفية عن العلاقات العائلية و قَصَرتها (العلاقات) على علاقات مالية بحتة .
و البرجوازية كشفت كيف أنّ عرض القوة الشرسة, الذي كانت الرجعية تُعجَب به في القرون الوسطى, قد وجد تتـمّـته المؤاتية في التكاسل إلى أبعد حدود الكسل. فهي الأولى, التي بيَّـنت ما يستطيع النشاط الإنساني إتيانه. فأتت بعجائب تختلف كليا عن أهرامات مصر, و الأقنية الرومانية, و الكتدرائيات القوطية, و قامت بحملات تختلف كليا عن الإجتياحات و الحملات الصليبية.
و البرجوازية لا تستطيع البقاء بدون أن تُـثـوِّر باستمرار أدوات الإنتاج, و بالتالي علاقات الإنتاج المجتمعية. بخلاف ذلك, كان الحفاظ على نمط الإنتاج القديم, بدون تبديل, الشرط الأول لبقاء كل الطبقات الصناعية السالفة. و هذا الإنقلاب المتواصل في الإنتاج, و هذا التزعزع الدائم في كل الأوضاع المجتمعية, و القلق و التحرك الدائمان, هذا كله يميّز عصر البرجوازية عمّا سبقه من عصور. فالعلاقات الجامدة الصَّدئة مع ما يستتبعها من تصوُّرات و أفكار قديمة موقّرة, تتفكك كلها, و كل جديد ينشأ يهرم قبل أن يصلُب عوده, و التقسيم الفئوي القائم يتبدد هباء, و كل ما هو مقدّس يدنّس, و الناس يُجبرون في النهاية على التفرّس في وضعهم المعيشي, و في علاقاتهم المتبادلة بأعين بصيرة .
و حاجة البرجوازية إلى تصريف دائم لمنتجاتها, متسع باستمرار, تسوقها إلى كل أرجاء الكرة الأرضية. فلا بد لها من أن تُعشعش في كل مكان, و من أن تنغرز في كل مكان, و من أن تقيم علاقات في كل مكان.
و البرجوازية, باستثمارها السوق العالمية, طبَّعت الإنتاج و الإستهلاك, في جميع البلدان, بطابع كوسموبوليتي, و انتزعت من تحت أقدام الصناعة أرضيتها القومية وسط غم الرجعيين الشديد. فالصناعات القومية الهرمة دُمّرت و تدمَّـر يوميا لتحل محلها صناعات جديدة, أصبح اعتمادها مسألة حيوية بالنسبة إلى جميع الأمم المتحضرة, صناعات لم تعد تستعمل المواد الأولية المحلية, بل المواد الأولية من أقصى المناطق, صناعات لا تُستهلك منتجاتها في البلد نفسه فحسب, بل أيضا في جميع أنحاء العالم. فمكان الحاجات القديمة, التي كانت المنتجات المحلية تسدُّها, تحُل حاجات جديدة تتطلب لإشباعها منتَجات أقصى البلدان و الأقاليم. و محل الإكتفاء الذاتي الإقليمي و القومي و الإنعزال القديم, تقوم علاقات شاملة في كل النواحي, و تقوم تبعية متبادلة شاملة بين الأمم. و ما ينطبق على الإنتاج المادي ينطبق أيضا على النتاج الفكري. فالنتاجات الفكرية لكل أمة على حدة تصبح ملكا مشتركا. و التعصب و التقوقع القوميّان يُصبحان مستحيلين أكثر فأكثر. و من الآداب القومية و الإقليمية ينشأ أدب عالميّ .
و البرجوازية, بالتحسين السريع لكل أدوات الإنتاج, و بالتسهيل اللامتناهي لوسائل المواصلات, تـشدّ الكل حتى الأمم الأكثر تخلفا إلى الحضارة. و الأسعار الرخيصة لسلعها هي المدفعية الثـقيلة التي تـدك بها الأسوار الصينية كلها, و تـُرغم البرابرة الأكثر حقدا و تعنتا تجاه الأجانب على الإستسلام, و تجبر كل الأمم, إذا شاءت إنقاذ نفسها من الهلاك, على تـبنّي نمط الإنتاج البرجوازي, و ترغمها على تقـبّـل الحضارة المزعومة, أي على أن تصبح برجوازية. و بكلمة هي تخلق عالما على صورتها .
و البرجوازية أخضعت الريف لسيطرة المدينة. و أنشأت مدنا ضخمة, و زادت بدرجة هائلة عدد سكان المدن إزاء سكان الريف, منتزعة بذلك قسما كبيرا من السكان من سذاجة الحياة الريفية, و مثلما أخضعت الريف للمدينة, و البلدان الهمجية و شبه الهمجية للبلدان المتحضرة, أخضعت الشعوب الفلاحية للشعوب البرجوازية, و الشرق للغرب .
و البرجوازية تقضي, أكثر فأكثر, على تشتت وسائل الإنتاج و الملكية و السكان. و قد حشرت السكان, و مركزت وسائل الإنتاج, و ركزت الملكية في أيد قليلة. فكانت المركزية السياسية, النتيجة الحتمية لذلك. فإنّ مقاطعات مستقلة, تكاد تكون متّحدة لها مصالح و قوانين و حكومات و جمارك مختلفة, حشرت في أُمة واحدة, ذات حكومة واحدة, و قانون واحد, و مصلحة قومية طبقية واحدة, و سياسة جمركية واحدة .
فالبرجوازية, في غضون سيطرتها الطبقية التي لم يَكد يمضي عليها قرن من الزمن, خَلقت قوى منتجة تفوق بعددها وضخامتها ما أوجدته الأجيال السابقة كلّها مجتمعة. فالآلة, و إخضاع قوى الطبيعة, و استخدام الكيمياء في الصناعة و الزراعة, و الملاحة البخارية, و سكك الحديد, و التلغراف الكهربائي, و استصلاح أراضي قارّات بأكملها, و تسوية مجاري الأنهار لجعلها صالحة للملاحة, و بروز عوامر كاملة من الأرض - أيّ عصر سالف كان يتصوّر أنّ مثل هذه القوى المنتجة كانت تهجع في صميم العمل المجتمعيّ؟
إذن لقد رأينا: أنّ وسائل الإنتاج و التبادل, التي انبنت البرجوازية على أساسها قد اسـتُحدثت في المجتمع الإقطاعي. و عند درجة معينة من تقدّم وسائل الإنتاج و التبادل, لم تعد الشروط التي كان المجتمع الإقاطاعي ينتج فيها و يبادل, لم يعد التنظيم الإقطاعي للزراعة و المانيفاتورة, بكلمة لم تعد علاقات الملكية الإقطاعية تتلاءم مع القوى المنتجة في تمام نموّها. فكانت تُعيق الإنتاج بدلا من دفعه نحو التقدّم, و لذا تحولت غلى قيود كان لا بُدّ من تحطيمها و قد حُطّمت .
و محلها حلت المزاحمة الحرة, مع هيكلية مجتمعية و سياسية ملائمة, مع السيطرة الإقتصادية و السياسية لطبقة البرجوازيين.
و اليوم نشهد حركة مماثلة. فإنّ علاقات الإنتاج و التبادل البرجوازية, و علاقات الملكية البرجوازية - إن هذا المجتمع البرجوازي الحديث الذي أبدع كما في السِّحر وسائل الإنتاج و التبادل الضخمة, يُشبه المشعوذ الذي فقد سيطرته على التحكُّم بالقوى الجهنمية التي استحضرها - فمنذ عشرات السنين, ليس تاريخ الصناعة و التجارة سوى تاريخ تمرُّد القوى المنتجة الحديثة على علاقات الإنتاج الحديثة, على علاقات الملكية, قوام حياة البرجوازية و سيطرتها. و يكفي ذكر الأزمات التجارية الدورية, التي تهدد أكثر فأكثر وجود المجتمع البرجوازي بأسره. ففي الأزمات التجارية, لا يُـتـلَف بانتظام جزء كبير من المنتجات فحسب, بل يـُتـلَف أيضا قسم من القوى المنتجة القائمة. و في الأزمات يتـفـشّى وباء مجتمعيّ ما كان ليبدو, في كل العصور السالفة, إلاّ مستحيلا, و هو وباء فائض الإنتاج. فإن المجتمع يجد نفسه فجأة و قد رُدَّ إلى وضع من الهمجية المؤقتة, حتى ليُخيَّل أنّ مجاعة و حرب إبادة شاملة قد قطعتاه عن وسائل العيش؛ فتبدو الصناعة و التجارة و كأنهما أثر بعد عين, و لماذا؟ لأن المجتمع يملك المزيد من الحضارة, و المزيد من وسائل لعيش, و المزيد من الصناعة, و المزيد من التجارة. و لم تعد القوى المنتجة, الموجودة تحت تصرّف المجتمع, تدفع ينمو علاقات الملكية البرجوازية قُدُما, بل بخلاف ذلك, أصبحت أقوى جدا من هذه العلاقات التي باتت تعيقها؛ و كلما تغلبت على هذا العائق جرّت المجتمع البرجوازي بأسره إلى الفوضى, و هددت وجود الملكية البرجوازية. فالعلاقات البرجوازية غدت أضيق من أن تستوعب الثروة, التي تُحدثها. فكيف تتغلب البرجوازية على هذه الأزمات؟ من جهة بتدمير كتلة من القوى المنتجة بالعنف, و من جهة أخرى بغزو أسواق جديدة, و باستثمار الأسواق القديمة كليّا. و ما هي عاقبة هذا الأمر؟ الإعداد لأزمات أشمل و أشدّ و التقليل من وسائل تدارُكها.
فالأسلحة, التي صَرَعت بها البرجوازية الإقطاع, ترتد الآن على البرجوازية نفسها .
بَيْد أنّ البرجوازية لم تصنع, فحسب, الأسلحة التي تؤدي بحياتها, بل أنجبت أيضا الرجال الذين سيستعملون هذه الأسلحة: العمال العصريين أو البروليتاريين .
و بقدر ما تنمو البرجوازية أي رأس المال, تنمو أيضا البروليتاريا, أي طبقة العمال العصريين, الذين لا يعيشون إلا إذا وجدوا عملا. و لا يجدون عملا إلا إذا كان عملهم ينمي رأس المال. و هؤلاء العمال المُكرهون على بيع أنفسهم قطعة قطعة هم سلعة كأي صنف تجاري آخر, و لذا هم معرَّصون لكل صروف المزاحمة, و لكل تقلبات السوق .
و من جراء توسع استعمال الآلة, و تقسيم العمل, فـقـد عمل البروليتاريين كليا طابع استقلاله الذاتي, و بالتالي فـقـد كل جاذبية بالنسبة إلى العمال. فالعامل أصبح مجرّد مُلحق بالآلة, لا يُطلب منه سوى الحركة اليدوية الأكثر بساطة و رتابة و سهولة و امتهان. و من ثم, فإن ما يُكلفه العامل يكاد يقتصر على كلفة ما يلزمه للعيش, و لمواصلة نسله. و بالتالي فإنّ ثمن العامل شأن ثمن كل سلعة يُساوي كلفة إنتاجه. إذن, كلما أصبح العمل منفرا, تدنى الأجر. و فضلا عن ذلك, بقدر ما يتسع استعمال الآلة و تقسيم العمل, تشتد أيضا وطأة العمل, سواء من جرّاء زيادة ساعات العمل, أو مُضاعفة العمل المطلوب إنجازه في وقت معيّن أو تسريع حركة الآلة, الخ ..
و الصناعة الحديثة حوّلت المشغل الصغير للمعلّم الحرفي البطريكي إلى فبركة كبيرة للرأسمالي الصناعي. و جموع العمال المحشورة في الفبركة تنظَّم تنظيما عسكريا. فالعمّال, جنود الصناعة البسطاء, يُوضعون تحت رقابة تراتبية كاملة, من ضبّاط و صفّ ضبّاط. و هم ليسو عبيد طبقة البرجوازيين و دولة البرجوازيين فحسب, بل هم أيضا, في كل يوم و كل ساعة, عبيد للآلة, و لمراقب العمل, و خصوصا للبرجوازي صاحب الفبركة نفسه, و هذا الإستبداد, كلما أعلن بمزيد من الصراحة أنّ الكسب هو هدفه, إزداد دناءة و بشاعة و قسوة.
و العمل اليدوي كلما تطـلب قدرا أقل من المهارة و القسوة, أي كلما تقدمت الصناعة الحديثة, ازداد إحلال عمل النساء محلّ عمل الرجال. فالفروق في الجنس و السن لم يعد لها شأن مجتمعيّ بالنسبة إلى الطبقة العاملة, لم يعد هناك سوى أدوات عمل تختلف كلفتها باختلاف السن و الجنس .
و العامل, ما أن يستغلّه صاحب العمل, و ما أن يدفع له أجره, حتى تنقضّ عليه القطاعات الأخرى من البرجوازية: مالك البيت و البـقّـال و المرتهن إلخ ..
و المراتب الدنيا للطبقات الوسطى, التي كانت قائمة حتى الآن - صغار الصناعيين و التجار و أصحاب الرّيع و الحرفيون و الفلاحون - تصبّ في البروليتاري لأن رأسمالها الصغير لا يكفي لتشغيل الصناعة الكبيرة, فتهلك في مزاحمة كبار الرأسماليين, من جهة, و من جهة أخرى, لأن الطرائق الجديدة للإنتاج تحطّ من قيمة مهارتها, و هكذا تتكون البروليتاريا من جميع طبقات السكان.
و البروليتاريا تمرّ بدرجات تطور مختلفة. و نضالها ضد البرجوازية يبدأ مع وجودها نفسه .
ففي البدء يناضل العمال فُرادى, ثم يناضل عمال فبركة واحدة, ثم عمال فرع صناعي في منطقة واحدة, ضد البرجوازي الفرد الذي يستغلهم مباشرة. و هم لا يوجّهون هجماتهم إلى علاقات الإنتاج البرجوازية فحسب, بل أيضا إلى أدوات الإنتاج نفسها, فيتلفون السلع الأجنبية المضاربة , و يُحطِّمون الماكينات, و يُضرمون النار في الفبارك, و يَسعون إلى استعادة الموقع المفقود, موقع الصانع في القرون الوسطى .
و في هذا التطور يُشكّل العمال جموعا مبعثرة في البلاد كلها تُـشتـتها المُزاحمة. فتآزر العمال الواسع-الجماهيري, ليس بعدُ نتيجة اتحادهم الذاتي, بل هو نتيجة اتّحاد البرجوازية التي عليها, لبلوغ أغراضها السياسية الخاصة, أن تحرّك البروليتاريا بأسرها طالما هي قادرة على ذلك. و الحالة هذه فإنّ البروليتاريين في هذا الطور لا يُحاربون أعداءهم, بل أعداء أعدائهم, أي بقايا الحكم الملَكي المُطلق, و الملاكين العقاريين, و البرجوازيين غير الصناعيين و البرجوازيين الصغار. و هكذا تتركـز الحركة التاريخية كلها في أيدي البرجوازية, و كل انتصار يتحقق على هذا النحو هو انتصار للبرجوازية .
لكن مع تقدم الصناعة لا تتسع البروليتاريا فحسب, بل تحتشد في حشود أكثر ضخامة و تمو قوَّتها, و تعي هي هذه القوة وعيا أفضل. فالمصالح و الأوضاع المعيشية داخل البروليتاريا تتماثل باطراد, بقدر ما تمحو الآلة الفوارق في العمل, و تنخفض الأجرة, في كل مكان تقريبا, إلى مستوى مُتماثل في الإنخفاض. فإن المضاربة المتعاظمة بين البرجوازيين أنفسهم, و الأزمات التجارية الناتجة عنها, تجعل أجور العمال أكثر تقلبا باستمرار؛ و التحسين المتسارع المتنامي, و المتواصل للآلة, يزعزع باستمرار الوضع المعيشي للعمال؛ و المصادمات بين العامل الفرد و البرجوازي الفرد, تَتَّخذأكثر فأكثر طابع مُصادمات بين طبقتين. و عندئذ يبدأ العمّال في تأليف اتحادات نقابية ضد البرجوازيين؛ و يتكاتفون للحفاظ على أجر عملهم, و يؤلّفون جمعيات دائمة للتمّون تحسُّيا لانتفاضات مُحتملة. و هنا و هناك, ينفجر النضال شَغَبا .
و من وقت إلى آخر ينتصر العمال لكن انتصارهم هو إلى حين. و النتيجة الحقة لنضالاتهم ليست في النجاح المباشر بل في اتّحاد العمل المتعاظم باستمرار. و هذا الاتحاد يعززه نمو وسائل المواصلات التي تبتدعها الصناعة الكبرى, و التي تربط بين عمّال مختلف النواحي. و الحال لا بُدّ من الرابط لجعل النضالات المحليّة و المتعددة, ذات الطابع الواحد في كل مكان, تتمركز في نضال وطني, في نضال طبقيّ. غير أنّ كل نضال طبقي هو نضال سياسي. و الإتحاد الذي اقتضى سكان بلدان القرون الوسطى قرونا لتحقيقه, نظرا إلى طُرقاتهم البدائية, تحقّـقه البروليتاريا العصرية في سنوات قليلة بفضل السكك الحديدية .
و انتظام البروليتاريين في طبقة, و بالتالي في حزب سياسي, تنسفه مجددا و في كل لحظة المزاحمة بين العمال أنفسهم؛ لكنه ينهض مرارا و تكرارا قوى و أمتن و أشدّ يأسا, و يستفيد من الإنقسامات في صفوف البرجوازية, فينتزع الإعتراف على وجه قانوني ببعض مصالح العمال, مثل قانون العمل عشر ساعات (يوميا) في انكلترا .
و عموما فإنّ صدامات المجتمع القديم تدفع بطرق شتى بتطور البروليتاريا قدُما. فالبرجوازية تعيش في صراع دائم: في البدء, ضدّ الأرستقراطية, ثم ضدّ تلك الأقسام, من البرجوازية نفسها, التي تتناقض مصالحها مع تَقدُّم الصناعة, ثم بصورة دائمة ضدّ برجوازية جميع البلدان الأجنبية. و في كل هذه الصراعات تجد البرجوازية نفسها مضطرة إلى الإستنجاد بالبروليتاريا, و طلب معنوتها, و بذلك تَجرّها إلى المعترك السياسي. و هكذا فإنّ البرحوازية نفسها هي التي تزوّد البروليتاريا بعناصرها التثقيفية أي بالأسلحة التي ترتدّ عليها.
و إضافة إلى ذلك و كما رأينا قبلا, فإن أقساما بكاملها من الطبقة السائدة تنحدر, بفعل تَقدُّم الصناعة, إلى البروليتاريا, أو تتهدد على الأقل بأوضاعها المعيشية. و هذه الأقسام تمدّ البروليتاريا أيضا بطائفة من العناصر التـثـقيـفية .
و أخيرا, عندما يقترب الصراع الطبقي من الحسم, تتخذ عملية التـفسّخ داخل الطبقة السائدة, و داخل المجتمع القديم بأسره, طابعا عنيفا و حادا, إلى حد أنّ قسما صغيرا من الطبقة السائدة يَنسلخ عنها و ينضمّ إلى الطبقة الثورية, إلى الطبقة التي تحمل بين يديها المستقبل. و مثلما انتقل في الماضي قسم من النبلاء إلى البرجوازية, ينتقل الآن قسم من البرجوازية إلى البروليتاريا, لا سيما هذا القسم من الإيديولوجيين البرجوازيين, الذين ارتفعوا إلى مستوى الفَهم النظري لمُجمل الحركة التاريخية .
ومن بين جميع الطبقات, التي تُـناهض البرجوازية اليوم, فإنّ البروليتاريا وحدها هي الطبقة الثورية حقا. فالطبقات الأخرى تنهار و تتلاشى أمام الصناعة الكبيرة, و البروليتاريا هي نِتاجُها الخاص.
و الطبقات الوسطى - الصناعي الصغير و التاجر الصغير و الحِرفيّ الصغير و الفلاّح الصغير - كلها تحارب البرجوازية للحفاظ على وجودها كطبقات وسطى من التلاشي. فهي إذن ليست ثورية بل مُحافظة, و فضلا عن ذلك, إنها رجعية تسعى إلى جعل عَجَلة التاريخ ترجع القهقرى. و إذا وقع لها أن تكون ثوريّة فذلك نظرا إلى انتقالها الوشيك الوقوع, إلى البروليتاريا, و هي بذلك لا تدافع عن مصالحها الراهنة, بل عن مصالحها المقبلة, فتتخلى عن موقعها الخاص, لتَتَبنّى وجهة نظر البروليتاريا .
أما اللومبنبروليتريا Lumpenproletariat (دون, أو تحت البروليتاريا), هذا النتن المُستسلم, حثالة الفئات الدنيا من المجتمع القديم, فإنها قد تنجرف هنا و هناك في الحركة بفعل ثورة بروليتارية, لكنها بحكم وضعها الحياتي كله تصبح أكثر استعدادا لبيع نفسها لمكائد لرجعية.
ففي شروط حياة البروليتاريا تمّ تـقويض شروط حياة المجتمع القديم. فالبروليتاري لا ملكيّة له, و علاقته بالزوجة و الأطفال لم يبق جامع يجمعها بعلاقات الأسرة البرجوازية؛ و العمل الصناعي الحديث و الإستذلال الحديث, في ظل رأس المال, جرّداه سواء في إنكلترا أو في فرنسا, و في أميركا أو في ألمانيا, من كل طابع قومي؛ و القوانين و الأخلاق و الدين هي و الأحكام البرجوازية المغرضة الكثيرة, سواسية بالنسبة إليه, تتستر وراءها مصالح برجوازية كثيرة.
فالطبقات السالفة كلها, التي استولت على السلطة, كانت تسعى إلى توطيد مركزها المكتسب بإخضاعها المجتمع بأسره لشروط كسبها. و البروليتاريون لا يستطيعون الإستيلاء على القوى المجتمعية المنتجة, إلاّ بإلغاء النمط السالف الخاص بهم لامتلاك المال, و بالتالي بالقضاء على كل نمط للإمتلاك قائم حتى الآن. و البروليتاريون لا يملكون شيئا يحافضون عليه, و عليهم أن يقوضوا كل الضمانات الخاصّة, و كل الحمايات الخاصّة, و القائمة حتى الآن.
فحتى الآن كانت الحركات كلها إمّا حركات أقليات, و إمّا لمصلحة الأقليات. و الحركة البروليتارية, هي الحركة القائمة بذاتها, للأغلبية الساحقة, في سبيل الأغلبية الساحقة. و البروليتاريا, الفئة الدنيا في المجتمع الراهن, لا يمكنها أن تنهض و تنتصب, بدون أن تنسف البنية الفوقية كلها للفئات التي تؤلّف المجتمع الرسمي .
و مع أنّ نضال البروليتاري ضد البرجوازية ليس قوميا في محتواه, فإنه يتّخذ في البداية الشكل القومي, و لا حاجة إلى القول إنّ على البروليتاريا في كل بلد أن تتخلص من برجوازيتها الخاصة.
و بإجمالنا أطوار نمو البروليتاريا في خطوطها الكبرى, تتـبّعنا أيضا الحروب الأهلية الكامنة تقريبا داخل المجتمع القائم, حتى الحين الذي تنفجر فيه هذه الحروب ثورة علنيّة, تُرسي البروليتاريا سيطرتها بإطاحة البرجوازية بالعنف .
و قد رأينا أنّ كل مجتمع حتى الآن قام على التناحر بين الطبقات العسفية و الطبقات المضطهَدَة. و للتمكن من اضطهاد طبقة ينبغي أن تؤمّن لها شروط معبشية تمكنها, على الأقل, من مواصلة وجودها العبودي. فالقنّ, في عهد القنانة توصّل إلى أن يغدو عضوا في كمونة, و كذلك ارتفع البرجوازي الصغير إلى برجوازي تحت نير الحكم الإقطاعي الإستبدادي. بخلاف ذلك, فإنّ العامل العصري, بدلا من أن يرتفع مع تقدّم الصناعة, لا ينفك ينحط عميقا دون أوضاع طبقته نفسها. فالعامل يغدو مدقعا, و العَوَز يزداد بسرعة تفوق سرعة نُمو السكان و الثروة. و بناءً عليه يتضح أن البرجوازية عاجزة عن أن تبقي زمنا أطول الطبقة السائدة, و أن تَفرض على المجتمع شروط وجود طبقتها كقانون أعلى. فهي عاجزة عن أن تسيطر, لأنها عاجزة عن تأمين عيش عبدها, حتى في إطار عبوديته, لأنها مرغمة على تركه ينحطّ إلى وضع يُلزِمها بأن تُعيله, بدلا من أن يُعيلها. فالمجتمع لم يعد يستطيع أن يحيا تحت سيطرتها, أو بعبارة أخرى, لم يعد وجود البرجوازية يلائم المجتمع .
فالشرط الأساسي لوجود الطبقة البرجوازية و لسيطرتها, هو تكديس الثروة في أيدي خواص, تكوين الرأسمال و إنماؤه. و شرط وجود الرأسمال هو العمل المأجور. و العمل المأجور يقوم, حصرا, على المزاحمة بين العمّال. و تقدّم الصناعة, الذي تُشكّل البرجوازية دعامته بلا إرادة منها و بلا مقاومة, يُحِلّ وحدة العمّال الثورية عبر الترابط محل انفرادهم الناتج عن تزاحُمهم. و هكذا فإنّ تطور الصناعة الكبيرة يزلزِل تحت أقدام البرجوازية, الأساس الذي تُنتج عليه و تتملّك المنتجات. إنّ البرجوازية تُنتج, قبل كل شيء, حفّاري قبرها. فانهيارها و انتصار البروليتاريا, أمران حتميّان .
___________________
(1) نعني بالبرجوازية طبقة الرأسماليين العصريين, مالكي وسائل الإنتاج المجتمعي, الذين يستخدمون العمل المأجور. و نعني بالبروليتاريا طبقة العمال الأجراء العصريين, الذين يُضطرون, لعدم امتلاكهم وسائل إنتاح, إلى بيع قوة عملهم ليتمكنوا من العيش (ملاحظة إنجلس للطبعة الإنكليزية عام 1888 ).
(2) ضبطا, التاريخ المكتوب المتوارَث. ففي عام 1847. كان تاريخ النظام المجتمعي, الذي سبق التاريخ المكتوب كله, أي غير التاريخي, مجهولا تقريبا. و منذ ذلك الحين (منذ عام 1847), إكتشف هاكستهاوزن الملكية العامة للأرض في روسيا, و برهن ماورر علىأن هذه الملكية كانت الأساس المجتمعي الذي خرجت منه تاريخيا جميع القبائل الألمانية, ثم تبين تدريجيا أن المشاعية الريفية, مع الملكية الجماعية للأرض, كانت الشكل البدائي للمجتمع, من الهند إلى ايرلندا, و أخيرا تم الكشف عن البنية الداخلية لهذا المجتمع الشيوعي البدائي, بشكلها المميز, من خلال الإكتشاف المجيد لمورغان: إكتشاف الطبيعة الحقّـة للعشيرة (BENS) و موقعها في القبيلة. و بانحلال هذا المتَّحدالبدائي يبدأ انقسام المجتمع إلى طبقات متمايزة تصبح, في النهاية متعارضة (ملاحظة إنجلس للطبعة الإنكليزية 1888, و الطبعة الألمانية 1890). و قد حاولت تتبُّع عملية الإنحلال في مؤلفي "أصل العائلة, و الملكية الخاصة و الدولة". الطبعة الثانية, شتوتغارت (ملاحظة إنجلس للطبعة الإنكليزية 1888 ).
(3) المعلِّم عضو كامل الحقوق في الحرفة, معلِّم في داخل المشغل, لا رئيسه (ملاحظة إنجلس للطبعة الإنكليزية 1888).
(4) تحت إسم الكمونات كان يُشار إلى المدن, التي كانت تنشأ في فرنسا, حتى قبل أن تنتزع, من أسيادها الإقطاعيين, الإدارة المحلية الذاتية و الحقوق السياسية لطبقة العوام. و بوجه عام, تظهر إنكلترا, هنا, كنموذج للتطور الإقتصادي للبرجوازية, و تظهر فرنسا كنموذج لتطورها السياسي (ملاحظة إنجلس للطبعة الإنكليزية 1888).

الفصل الثاني
بروليتاريون و شيوعيون
ما هي علاقة الشيوعيين بالبروليتاريين عموما؟

إنّ الشيوعيين ليسوا حزبا منفصلا في مواجهة الأحزاب العمالية الاخرى و ليست لهم مصالح منفصلة عن مصالح عموم البروليتاريا.
و هم لا يطرحون مبادئ خاصة يريدون قَولَبَة الحركة البروليتارية بقالبها.
إن الشيوعيين لا يتميزون عن الأحزاب البروليتارية الأخرى إلاّ في أنّهم: من ناحية, يُبرزون و يُغلِّبون المصالح المشتركة في الصراعات القومية المختلف للبروليتاريين, بصرف النظر عن تابعية عموم البروليتاريا, و من ناحية أخرى, يمثِّلون دائما مصلحة مُجمل الحركة في مختلف أطوار التطور, التي يمر بها الصراع بين البروليتاريا و البرجوازية.
إذن الشيوعيون عمليّا هم الفريق الأكثر حزما من الأحزاب العمالية في جميع البلدان, و الدافع دوما إلى الأمام, و نظريا هم متميزون عن سائر جُموع البروليتاريا, بالتبصّر في وضع الحركة البروليتارية, و في مسيرتها و نتائجها العامّة.
و الهدف الأول للشيوعيين هو الهدف نفسه لكل الأحزاب البروليتارية الأخرى: تشكّل البروليتاريا في طبقة, إسقاط هيمنة البرجوازية, و استيلاء البروليتاريا عن السّلطة السياسية.
و طروحات الشيوعيين النظرية لا تقوم قطعا على أفكار, على مبادئ, ابتكرها أو اكتشفها هذا أو ذاك من مُصلحي العالم.
إنّها فقط تعبير عام عن الشروط الحقيقية لصراع طبقيّ قائم عن حركة تاريخية تجري أمام أعيننا. و إلغاء علاقات الملكية القائمة حتى الآن, ليس هو إطلاقا السِّمة المميزة للشيوعية.
فعلاقات الملكية كلها, كانت خاضعة لتغيّر تاريخي مستمر لتحوّل تاريخي مُتواصل. فالثورة الفرنسية, مثلا, قضت على الملكية الإقطاعية لمصلحة الملكية البرجوازية.
و إنّ ما يميّز الشيوعية, ليس القضاء على الملكية بشكل عام, بل إلغاء الملكية البرجوازية.
غير أن الملكية الخاصة للبرجوازية االعصرية هي آخر تعبير و أكمله عن الإنتاج و تملّك المنتجات القائم على التناحرات الطبقية, و على استغلال البعض للبعض الآخر.
و الحالة هذه يستطيع الشيوعيون أن يلخّصوا نظريتهم بعبارة وحيدة: إلغاء الملكية الخاصة.
و نحن الشيوعيون, أُخذ علينا أنّنا نريد إلغاء الملكية المكتسبة شخصيا بجهد فردي, هذه الملكية التي تشكّـل, كما يُزعم, أساس كل حرية شخصية و كل فعالية و كل استقلال فردي.
ملكية مكتسبة بالجهد و الإستحقاق الشخصيين! فهل تتحدثون عن الملكية البرجوازية الصغيرة, و الفلاحية الصغيرة, التي سبقت الملكية البرجوازية؟ إننا لسنا بحاجة إلى إلغائها. فإنّ تطور الصناعة قضى و يقضي عليها يوميا.
أم أنّكم تتحدثون عن الملكية الخاصة للبرجوازية الحديثة؟
و لكن, هل يخلق العمل المأجور, أيْ عمل البروليتاري, ملكية له؟ قطعا لا. إنه يخلق رأس المال أي الملكية التي تَستَغل العمل المأجور, و التي لا يسعها أن تنمو إلاّ شرط أن تنتج عملا مأجورا جديدا, لتستغلّه مرة ثانية.
فالملكية, في شكلها الحاليّ, تتحرك في التناقض بين رأس المال و العمل المأجور. فلنمعن النظر في طرفي هذا التناقض.
إنّ كون المرء رأسماليا لا يعني أنه يشغل مركزا شخصيا فحسب. بل يشغل أيضا مركزا مجتمعيا في الإنتاج. فرأس المال هو نتاج جماعي, لا يمكن تحريكه إلا بنشاط مشترك لأعضاء كثيرين, بل إنه, في التحليل الأخير, لا يحرَّك إلاّ بالنشاط المشترك لجميع أعضاء المجتمع.
فرأس المال إذن ليس فاعليّة شخصية, بل فاعليّة مجتمعية.
و من ثم, إذا تحوّل رأس المال إلى ملكية مشتركة تخص جميع أعضاء المجتمع, فهذا التحول هو فقط الذي يتحول, (أي) أنّ الملكية تفقد طابعها الطبقي.
و لننتقل إلى العمل المأجور: فإن الثمن الوسط للعمل المأجور هو الحدّ الأدنى لأجر العمل, أي جملة وسائل العيش الضرورية لبقاء العامل كعامل على قيد الحياة. و من ثم, فإنّ ما يتملّكه العامل المأجور بجهده يكفي فقط لإعادة إنتاج حياته.
و نحن لا نريد, على الإطلاق, إلغاء هذا التملك الشخصي لمنتجات العمل من أجل إعادة إنتاج الحياة الشخصية, فهذا التملّك لا يترك حاصلا (ربحا) صافيا يُخوّل السيطرة على عمل الغير. نحن نريد فقط إلغاء الطابع المقيت لهذا التملك, الذي لا يحيا فيه العامل إلاّ لتنمية رأس المال, و لا يحيا إلاّ بالقدر الذي تتطلبه مصلحة الطبقة السائدة.
فالعمل الحرّ, في المجتمع البرجوازي, ليس سوى وسيلة لزيادة العمل المتراكم, و العمل المتراكم, في المجتمع الشيوعي, ليس سوى وسيلة لتوسيع السيرورة الحياتية للعمال, و لإغنائها و ترقيتها.
ففي المجتمع البرجوازي إذن يتسلط الماضي على الحاضر, و في المجتمع الشيوعي يتسلط الحاضر على الماضي. و في المجتمع البرجوازي رأس المال مستـقـل و له ذاتية مميزة, في حين أن الفرد الفاعل لا استـقلال له, و لا ذاتية مميزة.
و إلغاء هذا الوضع تسمّيه البرجوازية إلغاء الشخصية الفردية و الحرية! و هي على حق. فإنّ الأمر يتعلق فعلا بإلغاء فردانية البرجوازي و استقلاله و حريته.
و في نطاق علاقات الإنتاج البرجوازية الراهنة يُـقصد بالحرية: التجارة الحرّة, و البيع الحرّ, و الشراء الحرّ.
و لكن إذا انتفى الإتجار الجشع انتفى أيضا الإتّجار الحرّ. فالتبجحات بالإتّجار الحرّ, شأن كل التبجّحات الأخرى لبرجوازيتنا حول الحرية, لا معنى لها إلاّ بالمقابلة بالإتجار المقيّد, و بالمقابلة بالبرجوازي المُستعبَد في القرون الوسطى, و لا معنى لها إطلاقا بالمقبلة بالإلغاء الشيوعي للإتجار, و لعلاقات الإنتاج البرجوازية, و للبرجوازية نفسها.
لقد أصِبتم بالذعر لأنّـنا نريد إلغاء الملكية الخاصة. و لكن الملكية الخاصة, في مجتمعكم الراهن, مُلغاة بالنسبة إلى تسعة أعشار أعضائه. إنّها ضبطا موجودة لأنها غير موجودة بالنسبة إلى الأعشار التسعة. فأنتم إذن تلوموننا لأننا نريد إلغاء ملكية تَفرض, كشرط ضروري لوجودها, إنعدام الملكية بالنسبة إلى الأغلبية الساحقة من المجتمع.
و بكلمة, فإنكم تتهموننا بأننا نريد إلغاء ملكيتكم, و هذا بالتأكيد ما نريده.
و ما أن يتعذر على العمل أن يتحول إلى رأس مال, إلى نقد, إلى ريع عقاري, و باختصار إلى سلطة مجتمعية قادرة على الإحتكار, أي في اللحظة التي لا تبقى فيها الملكية الشخصية قادرة على أن تتحول إلى ملكية برجوازية, في هذه اللحظة بالذات تعلنون أنّ الفرد قد أُزيل.
إذن, أنتم تعرفون بأنكم لا تَعنون بالفرد إلاّ البرجوازي (أي) المالك البرجوازي. و هذا الفرد لا بُدّ من أن يُزال حقّا.
فالشيوعية لا تجرِّد أحدا من القدرة على تملّك منتجات مجتمعية, بل تنتزع فقط القدرة على استعباد عمل الغير بواسطة هذا التملّك.
و ثمة اعتراض علينا يقول: بإلغاء الملكية الخاصة سـينتهي كلّ نشاط و سـيَسـتشري كسل عام.
فلَو صحّ ذلك, لكان المجتمع البرجوازي قد تردّى منذ زمن بعيد في الخمول, إذ أن أولئك الذين يعملون, في المجتمع, لا يمتلكون, و أولائك الذين يمتلكون, لا يعملون. فهذا الوسواس كله يُؤوّل إلى هذا الحشو: حين لا يبقى للرأسمال وجود لا يبقى للعمل المأجور وجود.
و الإعتراضات كلها, التي توجّه إلى النمط الشيوعي في إنتاج المنتجات المادية و تملكها, تشمل أيضا إنتاج النتاجات الفكرية و تملكها. و كما أنّ زوال الملكية الطبقية يعادل, في نظر البرجوازي, زوال الإنتاج نفسه, فإنّ زوال الثقافة الطبقية يماثل, في تظره, زوال الثقافة إطلاقا.
و الثقافة التي ينوح البرجوازي على ضياعها ليست, بالنسبة إلى الأغلبية الساحقة, إلا تدريبا يجعل منها ماكينات.
و لكن لا تجادلونا و أنتم تقيسون إلغاء الملكية البرجوازية بمفاهيمكم البرجوازية عن الحرية و الثـقافة و الحق إلخ.. فإنّ أفكاركم نفسها هي نِتاج علاقات الإنتاج البرجوازية و الملكية البرجوازية, شأن حقكم, الذي ليس هو سوى إرادة طبقتكم, التي سُـنّـت قانونا, إرادة حدَّدت الشروط المادية لحياة طبقتكم, مضمونها.
فنظرتكم المنفعيّة, التي تحوّلون بها علاقات إنتاجكم و ملكيتكم, من علاقات تاريخية عابرة في مجرى الإنتاج إلى قوانين أبديّة (ثابتة) للطبيعة و العقل, هذه النظرة تتشاطرونها و جميع الطبقات السائدة التي بادت. فإن ما تفهمونه بالملكية القديمة, و ما تفهمونه بالملكية الإقطاعية, لم يعد بعد الآن معقولا بالنسبة إلى الملكية البرجوازية.
و إلغاء العائلة! حتى أكثر الراديكاليين تطرفا تثور ثائرتهم على هذا القصد الدنيء للشيوعيين.
فَعلامَ ترتكز العائلة الراهنة, العائلة البرجوازية؟ على رأس المال و التملك الخاص. و هي لا توجد بتمام تطورها إلاّ بالنسبة إلى البرجوازية, لكنّها تَجد تكملتها في الحرمان القسري من العائلة, بالنسبة إلى البروليتاري, و في البغاء العلني.
و العائلة البرجوازية تضمحلّ طبعا باضمِحلال تكملتها, فكلتاهما تزولان بزوال رأس المال.
أتأخذون علينا أنّنا نريد إلغاء استغلال الآباء لأبنائهم؟ هذه الجريمة نعترف بها, لكن تقولون إننا, بإحلال التربية المجتمعية محلّ التربية البيتـيّة, نقضي على أكثر العلاقات حميمية.
أليس المجتمع هو الذي يحدد تربيتكم أنتم, أيضا؟ ألا تحددها العلاقات المجتمعية التي تربون في إطارها؟ ألا يحددها تدخل المجتمع المباشر و غير المباشر بواسطة المدرسة, إلخ..؟ فالشيوعيون لا يبتدعون فعل المجتمع في التربية. إنهم فقط يغيّرون خاصيّـته و ينتزعون التربية من تأثير الطبقة السائدة.
فكلما تمزقت, نتيجة للصناعة الكبيرة, كلّ روابط البروليتاري العائلية, و تحوّل الأولاد إلى مجرّد سلع تجارية و مجرّد أدوات عمل, تصبح التشدقات البرجوازية بالعائلة و التربية و بعلاقات الإلفة بين الآباء و الأبناء, أكثر إثارة للتـقـزز.
و "لكنكم, أيها الشيوعيون, تريدون إدخال إشاعة النساء". كذا تزعق بنا بصوت واحد البرجوازية كلها.
فالبرجوازي يرى في امرأته مجرَّد أداة إنتاج. و هو يسمع أن أدوات الإنتاج يجب أن تشتغل جماعيا. و طبعا, لا يسعه إلاّ أن يعتقد بأنّ قدَر الإشتراكية سيصيب النساء أيضا.
و لا يدور في خلده أنّ الأمر يتعلق, ضبطا, بإلغاء وضع النساء كمجرّد أدوات إنتاج.
و للمناسبة, لا شيء أكثر إثارة للسخرية من ذعر برجوازيتنا الأخلاقي المسرف في أخلاقيته, من إشاعة النساء الرسمية, المدَّعَى بها على الشيوعيين. فالشيوعيون ليسوا بحاجة إلى إدخال إشاعة النساء, فقد وُجدت على الدوام تقريبا.
فبرجوازيّونا, غير القنوعين بأن تكون تحت تصرّفهم, نساء بروليتاريتهم و بناتهم, ناهيك عن البغاء الرسمي, يجدون متعة خاصة في أن يتداينوا باتفاق متبادل.
فالزواج البرجوازي, في الحقيقة, هو إشاعة النساء المتزوجات. و قصارى ما يمكن أن يُلام عليه الشيوعيون, هو أنهم يريدون إحلال إشاعة رسمية و صريحة للنساء محل إشاعة مستترة نفاقا.
و للمناسبة, من البديهي أنه بإلغاء علاقات الإنتاج الراهمة تزول أيضا إشاعة النساء الناجمة عنها, أي (يزول) البغاء الرسمي و غير الرسمي.
و فوق ذلك, يُـتَّهم الشيوعيون بأنهم يريدون إلغاء الوطن و القومية.
فالعمّال لا وطن لهم. فلا يمكن أن يُسلب منهم ما لا يملكونه. و بما أنه ينبغي على البروليتاريا أن تستولي, أولا, على السلطة السياسية, و أن تنصّب نفسها طبقة قومية, و أن تتـقوَّم كأمّة, فإنّها ما تزال وطنية, لكن ليس قطعا بالمعنى البرجوازي للكلمة.
فمع نمو البرجوازية, مع حرية التجارة, مع السوق العالمية, مع التماثل في الإنتاج الصناعي و الأوضاع الحياتية الملائمة لذلك, تزول الفواصل القوميّة و التناقضات بين الشعوب, أكثر فأكثر.
و سيطرة البروليتاريا ستُـزيلها أكثر فأكثر. و عمل البروليتاريا الموحّد, في البلدان المتحضّرة على الأقل, هو أحد الشروط الأولية لتحررها.
و بقدر ما يُقضي على استغلال الفرد للفرد يُقضى على استغلال أُمّة لأمّة أخرى.
و مع زوال التناحر بين الطبقات داخل الأمّة يزول موقف العَدَاء من الأمم.
و التهم الموجّهة إلى الشيوعية, من وُجُهات نظر دينية فلسفية إيديولوجية, عموما, لا تستحق نقاشا أكثر تفصيلا.
و هل من حاجة إلى نظر ثاقب لإدراك أنه مع تغير أوضاع الناس المعيشية و علاقاتهم المجتمعية, و حياتهم الإجتماعية, تتغير أيضا تصوراتهم و معتقداتهم و مفاهيمهم, و بكلمة: وعيهم؟
و هل يُبرهن تاريخ الأفكار على شيء سوى أنّ الإنتاج الفكري يتحوّل بتحوّل الإنتاج المادي؟ فالأفكار التي سادت عصرا من العصور, لم تكن قطّ إلاّ افكار الطبقة السائدة.
فعندما يجري الحديث عن أفكار تُـثـوِّر مجتمعا بأسره, يُعبَّر فحسب عن واقع, و هو أنّ عناصر مجتَمع جديد قد تكونت في عقر المجتمع القديم, و أنّ انحلال الأوضاع المعيشية القديمة يواكبه انحلال الأفكار القديمة.
فحينما كان العالم القديم يتهاوى انتصر الدين المسيحي على الأديان القديمة, و حينما غُلبت الأفكار المسيحية على أمرها, في القرن الثامن عشر أمام أفكار التنوير, كان المجتمع الإقطاعي يلفظ أنفاسه الأخيرة في صراعه مع البرجوازية, الثوريّة آنـئـذٍ. و لم تكن أفكار حرية المعتقد و الحرية الدينية إلاّ تعبيرا عن نظام المزاحمة الحرة في مجال المعرفة.
و قد يُقال: "إن الأفكار الدينية و الأخلاقية و الفلسفية و السياسية و الحقوقية" إلخ.. قد تعدّلت بلا شك في مجرى التطور التاريخي, لكن الدين و الأخلاق و الفلسفة و السياسة و الحقوق ظلّت قائمة وسط هذا التحوّل.
"و فوق ذلك هناك حقائق ثابتة مثل الحريّة و العدالة إلخ.. هي واحدة في جميع الأوضاع المجتمعية.
و الحال أنّ الشيوعية تلغي الحقائق الثابتة, تلغي الأديان و الأخلاق بدلا من تجديد تشكيلهما, فهي تـناقض, إذن, التطورات التاريخية السابقة كلّها". فإلام تؤول هذه التهمة؟ إنّ تاريخ كل مجتمع, حتى الآن, كان يتحرك في تناحرات طبقية, إتخذت أشكالا مختلفة حسب العهود المختلفة.
و لكن مهما كان الشكل الذي اتخذته هذه التناحرات على الدوام, فإنّ استغلال قسم من المجتمع للقسم الآخر هو واقع واحد لجميع العصور السالفة. و لا عجب إذن إن كان الوعي المجتمعي, في كل العصور, يتحرك, رغم التنوع و التباين, في أشكال مشتَركة (واحدة) معينة, في أشكال من الوعي لا تنحلّ تماما إلاّ بزوال التـناحر الطبقي كليا.
فالثورة الشيوعية, هي القطيعة الأكثر جذرية مع علاقات الملكية المُتوارثَة, و لا غرابة في أن تقطع في مجرى نموها, بجذرية أشدّ, صلتها بالأفكار المتوارثة.
و لكن, دعونا من اعتراضات البرجوازية على الشيوعية.
فقبلا رأينا أنّ الخطوة الأولى في ثورة العمّال هي ترفيع البروليتاريا إلى طبقة سائدة و الفوز بالديمقراطية.
فالبروليتاريا ستستخدم سلطتها السياسية لتَنتَزع من البرجوازية تدريجيا, رأس المال كله, و لِـتُمركز أدوات الإنتاج كلّها في أيدي الدولة, أي في أيدي البروليتاريا المنظَّمة في طبقة سائدة, و لتزيد حجم القوى المنتجة بأقصى سرعة ممكنة.
و في البداية, لا يمكن حدوث ذلك طبعا, إلاّ بالانتهاك الاستبدادي لحقّ الملكية و لعلاقات الإنتاج البرجوازية, أي بتدابير تبدو, إقتصاديا ناقصة و غير مأمونة البقاء, لكنّها تتجاوز نفسها في مجرى الحركة, و هي لا غنى عنها كوسيلة لقلب نمط الإنتاج بأسره.
و طبعا تختلف هذه التدابير تبعا لاختلاف البلدان.
غير أنّ تطبيق التدابير الآتية ممكن, بصورة عامة تقريبا, بالنسبة إلى البلدان الأكثر تقدما:
1- نزع الملكية العقارية و تخصيص الريع العقاري لتغطية نفقات الدولة.
2- (فرض) ضريبة تصاعدية مرتفعة.
3- إلغاء قانون الوراثة.
4- مصادرة ملكية جميع المهاجرين و العُصاة.
5- مركزة التسليف في أيدي الدولة بواسطة مصرف وطني رأسماله للدولة و الإحتكار له وحده.
6- مركزة وسائل النقل في أيدي الدولة.
7- تكثير الفبارك الوطنية و أدوات الإنتاج, و استصلاح الأراضي الموات و تحسين الأراضي المزروعة, و فق تخطيط عام.
8- عمل إلزامي متكافئ للجميع, و تنظيم جيوش صناعية, لا سيما للزراعة.
9- التوفيق بين العمل الزراعي و الصناعي, و العمل تدريجيا على إزالة الفارق بين المدينة و الريف.
10- تربية عامة و مجانية لجميع الأطفال, و إلغاء عمل الأولاد في الفبارك بشكله الراهن, و التوفيق بين التربية و الإنتاج المادي, إلخ..
و ما أن تختفي, في سياق التطور, الفوارق الطبقية, و ما أن يتجمع الإنتاج كلّه في أيدي الأفراد المتشاركين, حتى تفقد السلطة العامة طابعها السياسي. فالسلطة العامة طابعها السياسي. فالسلطة السياسية, بمعناها الحقيقي, هي العنف المنظَّم لطبقة في سبيل قمع طبقة أخرى.
فعندما تتوحد البروليتاريا وجوباً في طبقة إبّان كفاحها ضد البرجوازية, و عندما تـنصّب نفسها بثورة طبقة سائدة, و تلغي علاقات الإنتاج القديمة بالعنف, بصفتها طبقة سائدة, فإنها تلغي أسباب وجود التناحر الطبقي و تلغي بالتالي الطبقات عامة, تلغي سيطرتها الخاصة كطبقة.
و محل المجتمع البرجوازي القديم, بطبقاته و تناحراته الطبقية, يحلّ تجمُّع تشارُكيّ, يكون فيه التبسُّط الحر لكل فرد شرطا للتبسُّط الحر للجميع.




الأدب الاشتراكي و الشيوعي
موقف الشيوعيين من مختلف أحزاب المعارضة
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الفصل الثالث
الأدب الاشتراكي و الشيوعي

1 - الإشتراكية الرجعية
أ - الإشتراكية الإقطاعية
وَجدت الأرستقراطية الفرنسية و الإنكليزية نفسها مدعوّة, بحكم موقعها التاريخي, إلى كتابة قطع هجائية ضدّ المجتمع البرجوازي الحديث. ففي ثورة تموز (يوليو) الفرنسية عام 1830, و في حركة الإصلاح الإنكليزية, كانت قد انهزمت مرة أخرى, أمام هذا الوصوليّ المقيت, فلم يعد ممكنا الحيث عن نضال سياسي جديّ. لقد بقي لها النضال الأدبي فقط. و لكن التشدقات الكلامية القديمة, عهد إعادة المَلَكية (1) , غدت في ميدان الأدب أيضا مستحيلة. و لتستدرَّ العطف اضطرت الأرستقراطية إلى التظاهر بالتخلّي عن مصالحها, و إلى وضع قرارها الإتهامي ضد البرجوازية لمصلحة الطبقة العاملة المستَغلَّة فقط. و على هذا الوجه وفرت لنفسها لذة هجاء سيّدها الجديد بواسطة الأغاني, و الغمغمة في أذنه بتنبؤات مشحونة بفيض من النذر.
و هكذا نشأت الإشتراكية الإقطاعية مزيجا من نحيب و هجاء من صدى الماضي و وعيد المستقبل, مصيبة أحيانا البرجوازية في الصميم بحُكم قاس ثاقب, و مُثيرة السخرية باستمرار لعجزها التام عن إدراك مسيرة التاريخ الحديث.
فعوضا عن التلويح بالرّاية لوَّح الأرستقراطيون بمخلاة التسوّل البروليتارية, ليحشروا الشعب خلفهم, لكنه ما أن تبعهم حتى لمح على عجيزتهم شارات النَّسَب الإقطاعية القديمة, فانفضَّ عنهم بقهقهات وقحة مستخفة.
و قد أجاد في تمثيل هذا المشهد قسم من الشرعيين الفرنسيين و من إنكلترا الفتاة.
و عندما يبرهن الإقطاعيون على أنّ نمط استغلالهم كان يختلف عن نمط الإستغلال البرجوازي, ينسَون فقط أنهم كانوا يستغلون في أوضاع و شروط مختلفة كليا ولّى اليوم عهدها. و عندما يُثبتون أنّ البروليتاريا الحديثة لم تكن موجودة في ظل سيطرتهم, ينسَون فقط أنّ البرجوازية الحديثة كانت, ضبطا, وليدا واجب الوجود لنظامهم المجتمعي.
و زد على ذلك أنهم قلّما يُخفون الطابع الرجعي لانتقادهم, إذ أنّ مأخذهم الرئيسي على البرجوازية يَكمُن, ضبطا, في القول إنّ الطبقة التي تتبسط في ظلّ نظامها, ستنسف التظام المجتمعي القديم برُمّته.
و هم لا يلومون البرجوازية, أكثر ما يلومونها, لأنها أنجبت البروليتاريا بشكل عام, بل لأنها أنجبت البروليتاريا الثورية.
و لذا فإنهم في الممارسة السياسية يشتركون في جميع التدابير القمعية ضد الطبقة العاملة, و رغما عن تشدقاتهم الجوفاء فإنهم في حياتهم الإعتيادية يَرتضون التقاط التفاحات الذهبية, و مقايضة الوفاء و الحب و الكرامة بالمتاجرة بالصوف و الشمندر و العرق (2).
و مثلما سار الكاهن و الإقطاعي دوما يدا بيد تَسير الإشتراكية الكهنوتية و الإشتراكية الإقطاعية.
فلا شيء أسهل من إضفاء صبغة الإشتراكية على التنسّك المسيحي. ألم تُـلغِ المسيحية أيضا الملكية الخاصة و الزواج و الدولة؟ و بدلا منها ألم تعظ بالصدقة و التسول و التبتل و أمانة الجسد, و الحياة الرهبانية و الكنسية؟ فالإشتراكية المسيحية ليست إلاّ الماء المقدّس الذي يكرِّس به الكاهن حقد الأرستقراطي.


ب - الإشتراكية البرجوازية الصغيرة
الأرستقراطية الإقطاعية ليست الطبقة الوحيدة التي أطاحتها البرجوازية, و التي ذبُـلت شروط حياتها و هلكت في المجتمع البرجوازي الحديث. فإنّ برجوازيي المدن و فئة الفلاحين الصغار في القرون الوسطى كانوا طلائع البرجوازية الحديثة.
و هذه الطبقة لا تزال, في البلدان الأقل تطورا صناعيا و تجاريا, تعيش حياة خاملة إلى جانب البرجوازية الصاعدة.
و في البلدان, التي نمت فيها الحضارة الحديثة, تكونت برجوازية صغيرة جديدة تتأرجح بين البروليتاريا و البرجوازية. و هي كجزء مكمل للمجتمع البرجوازي لا تفتأ تعيد تشكيل نفسها؛ و من جرّاء المزاحمة ينحدر أفرادها باستمرار إلى (صفوف) البروليتاريا؛ بالإضافة إلى ذلك يرون, مع نمو الصناعة الكبيرة, اقتراب الساعة التي سيضمحلّون فيها كليّا, بوصفهم قسما مستقلا عن المجتمع الحديث, ليحُلّ محلهم, في التجارة و المانيفاتورة و الزراعة, نُظّار العمل و المستخدمين.
و كان طبيعيا, في بلدان مثل فرنسا, حيث تُشكّل طبقة الفلاحين أكثر من نصف السكان, أن يَعمد الكُـتّاب, الذين يناصرون البروليتاريا ضد البرجوازية, إلى استخدام معيار برجوازي صغير و فلاحي صغير في نقدهم النظام البرجوازي, و أن ينحازوا إلى العمال من وجهة نظر البرجوازية الصغيرة. و على هذا الوجه تكونت الإشتراكية البرجوازية الصغيرة.
و سيسموندي هو زعيم هذا الأدب لا في فرنسا فحسب بل في إنكلترا أيضا.
فهذه الإشتراكية حلّلت, بكثير من الفطنة, التناقضات في علاقات الإنتاح الحديثة, و فضحت تبريرات الإقتصاديين المنافقة, و أثبتت, بشكل لا يُدحض, التأثيرات المدمِّرة للمكننة, و تقسيم العمل, و حصر رؤوس الأموال و الملكية العقارية, و الإنتاج الزائد, و الأزمات و الإنحلال المحتم للبرجوازيين الصغار و الفلاحين الصغار, و بؤس البروليتاريا, و الفوضى في الإنتاج, و التفاوت الصارخ في توزيع الثروة, و الحرب الصناعية الماحقة بين الأمم و انحلال العادات القديمة, و العلاقات العائلية القديمة, و القوميات القديمة.
و هذه الإشتراكية, بحسب مضمونها الوضعي, تريد إمّا إعادة وسائل الإنتاج و التبادل القديمة, و بذلك تعيد علاقات الملكية القديمة و المجتمع القديم, و إمّا حصر وسائل الإنتاج و التبادل الحديثة بالقوة في إطار علاقات الملكية القديمة الذي نَسفته, و الذي لا بدّ من نسفه. و هي في كلتا الحالتين رجعيّة و طوباوية في آن واحد.
النظام الحرفي في المانيفاتورة, و الإقتصاد البطريركي في الريف: تلك هي كلمتها الأخيرة, و هذا الإتجاه إنتهى, في تطوره اللاحق, إلى مُواءٍ جبان.


ج - الإشتراكية الألمانية أو الإشتراكية "الصحيحة"
إنّ الأدب الإشتراكي و الشيوعي في فرنسا, الذي نشأ تحت ضغط برجوازية مسيطرة, تعبيرا أدبيا عن النضال ضد هذه السيطرة, أُدخِل إلى ألمانيا في وقت كانت البرجوازية (الألمانية) تستهلّ نضالها ضد الإقطاعية الإستبدادية.
و بشراهة تخاطف الفلاسفة, و أدعياء الفلسفة, و الأدباتية الألمان, هذا الأدب. و لكنهم نسوا أنّ نزوح تلك الكتابات, من فرنسا إلى ألمانيا, لم يرافقه في الوقت نفسه نزوح أوضاع الحياة الفرنسية. فـفقد الأدب الفرنسي, في الأوضاع الألمانية, كل أهمية عملية مباشرة و اتخذ وجها أدبيا بحتا. و من ثم كان لا بد من أن يبدو كتأمل لا نفع فيه حول تحقيق الجوهر الإنساني. و هكذا, لم تكن مطالب الثورة الفرنسية الأولى, في نظر الفلاسفة الألمان في القرن الثامن عشر, سوى مطالب "العقل المعياري" بصورة عامة, و تجليات إرادة البرجوازية الثورية الفرنسية, لم تكن تعني في نظرهم, سوى قوانين الإرادة البحتة, الإرادة كما ينبغي أن تكون, الإرادة الإنسانية الحقة.
و العمل الوحيد للأدباء الألمان كان ينحصر في التوفيق بين الأفكار الفرنسية الجديدة و وجدانهم الفلسفي القديم, أو بالأحرى في انتحال الأفكار الفرنسية انطلاقا من آرائهم الفلسفية؛ و هذا الإنتحال تم بالطريقة نفسها التي يتعلم بها المرء عادة لغة أجنبية, أي بواسطة الترجمة.
و معروف كيف استبدل الرهبان عناوين المخطوطات, المنطوية على الأعمال الكلاسيكية للعهد الوثني القديم, بعناوين حكايات سمجة لقدّيسين كاثوليك. أمّا الأدباء الألمان فقد تصرفوا حيال الأدب الفرنسي الدنيوي على عكس ذلك, لقد ذيَّلوا الأصل الفرنسي بهرائهم الفلسفي, فكتبوا, مثلا تحت النقد الفرنسي للعلاقات المالية: "تجريد الكائن البشري", و تحت النقد الفرنسي للدولة البرجوازية: "إلغاء سيطرة الكلّي المجرَّد" إلخ..
إن دسّ هذه العبارات الفلسفية الجوفاء, تحت التطويرات الفرنسية, عمَّدوه بأسماء, مثل "فلسفة الفعل", و "الإشتراكية الحقّة", و "علم الإشتراكية الألمانية", و "التعليل الفلسفي للإشتراكية", إلخ..
و بهذه الطريقة خُصي الأدب الإشتراكي-الشيوعي الفرنسي خصيا واضحا. و بما أن هذا الأدب كفَّ في أيدي الألمان, عن التعبير عن نضال طبقة ضد أخرى, تصوّر الألمان أنهم تجاوزوا "المحدودية الفرنسية", و أنّهم دافعوا لا عن الحاجات الحقيقية, بل عن الحاجة إلى الحقيقة, و لا عن مصالح البروليتاري, بل عن مصالح الكائن البشري, مصالح الإنسان على العموم, الإنسان الذي لا ينتمي إلى أي طبقة, و لا إلى الواقع إطلاقا, بل ينتمي فحسب إلى سماء الخيال الفلسفي المضبَّبة.
و هذه الإشتراكية الألمانية, التي حملت تمارينها المدرسية الحمقاء على محمل الجد و المهابة الكبيرين, و زمَّرت لها و طبّلت بمثل هذا الزعيق, فقدت شيئا فشيئا براءتها الدعية.
فإنّ نضال البرجوازية الألمانية لا سيّما البرجوازية البروسية, و بكلمة نضال الحركة الليبيرالية ضد الإقطاعيين و الملكية المطلقة, أصبح أكثر جديّة.
و بهذا الشكل أتيحت للإشتراكية "الحقّة" الفرصة المنشودة لمواجهة الحركية السياسية بالمطالب الإشتراكية, و لصبّ اللعنات التقليدية على الليبرالية, و النظام التمثيلي, و المزاحمة البرجوازية, و حرية الصحافة البرجوازية, و القانون البرجوازي, و الحرية و المساواة البرجوازيتين, و لتحذير الجماهير من أنها لا تكسب شيئا من هذه الحركة البرجوازية, بل بالعكس ستخسر فيها كل شيء فـسَها عن الإشتراكية الألمانية, ضبطا, أنّ النقد الفرنسي الذي كانت هي صداه البليد يستلزم وُجود المجتمع البرجوازي الحديث مع الشروط الحياتية المادية المُطابقة له, و مع الدستور السياسي المُناسب, تلك المستلزمات التي كان العمل يجري في ألمانيا لتحقيقها
فالإشتراكية خَدمت الحكومات الألمانية المُطلقة و حاشيتها, من كهنة و علماء تربية و إقطاعيين بُلداء و بيروقراطيين, كفزّاعة منشودة ضد وعيد البرجوازية المتصاعد.
و الإشتراكية شكّلت التكملة المتكلفة الحلاوة, لمرارة لذع السياط و طلقات البنادق, التي تصدَّت بها الحكومات نفسها للإنتفاضات العمّالية الألمانية.
و إن كانت الإشتراكية "الحقّة" قد غدت, بهذه الصورة, سلاحا في أيدي الحكومات ضد البرجوازية الألمانية, فإنّها كانت تُمثّل مباشرة مصلحة رجعية, مصلحة البرجوازية الألمانية الصغيرة و (هذه) البرجوازية الصغيرة, التي خلّفها القرن السادس عشر و التي ما انفكت تظهر بأشكال مختلفة, تشكل في ألمانيا الأساس المجتمعي الفعليّ للأوضاع القائمة.
فالحفاظ عليها هو الحفاظ على الأوضاع الألمانية القائمة. و هي تخاف من الهلاك المبين أمام السيطرة الصناعية و السياسية للبرجوازية, نتيجة لتمركز رأس المال من ناحية, و لبروز بروليتاريا ثورية من ناحية أخرى؛ و قد تراءى لها أنّ الإشتراكية "الحقّة" قادرة على إصابة عصفورين بحجر واحد. فـتـفشّت (الإشتراكية) تفشّي الوباء.
و الحُـلّة المصنوعة من شفافية النظريات التجريدية, و المطرَّزة بمحسِّنات لفظيّة, و المسبقة بندى الوجد الدافئ - هذه الحُـلّة, التي غلَّف بها الإشتراكيون الألمان بِضْعا من "حقائقهم الخالدة" (الثابتة) الهزيلة, لم تَزد إلاّ في رواج بضاعتهم لدى الجمهور.
و أكثر فأكثر أدركت الإشتراكية الألمانية من جهتها, أن مهمتها هي أن تكون المثل الطنّان لهذه البرجوازية الصغيرة.
فأعلنت أنّ الأمة الألمانية هي الأمة السوية, و أنّ البرجوازي الألماني الصغير هو الإنسان السوي. و أضفت على نذالته كلها معنى غامضا ساميا و اشتراكيا, جعلها تدل على عكس واقعها. و آل بها المطاف إلى التصدي مباشرة للإتجاه الشيوعي "الهدّام الفظّ", و أعلنت أنها تحلّـق بتجرّد فوق كل الصراعات الطبقية. و عدا استثناءات قليلة جدا فإنّ كل الكتابات الإشتراكية و الشيوعية المزعومة, المتداولة في ألمانيا, تنتمي إلى قطاع هذا الأدب القذر المثير للأعصاب(3).


2 - الإشتراكية المحافظة أو الإشتراكية البرجوازية
يرغب قسم من البرجوازية في معالجة الأوضاع المجتمعية السيئة لضمان بقاء المجتمع البرجوازي.
و يندرج في هذا القسم: إقتصاديون و خيِّرون و إنسانيون و محسّنو وضع الطبقات الكادحة, و منظِّموا أعمال البر و الإحسان و جمعيات الرفق بالحيوان, و جمعيات الإعتدال و القناعة, و مصلحون ضيقو الأفق من كل الأصناف. و اشتراكية البرجوازيين هذه صيغت في مذاهب كاملة.
و نورد, مثالا على ذلك, "فلسفة البؤس" لبرودون.
فالبرجوازيون الإشتراكيون يريدون شروط حياة المجتمع الحديث, (لكن) بدون النضالات و الأخطار الناجمة عنها بالضرورة. إنّهم يريدون المجتمع القائم منقى من العناصر التي تثوِّره و تهدمه. إنّهم يريدون البرجوازية بدون البروليتاريا. و بالطبع تتصور البرجوازية العالم الذي تسود فيه كأفضل العوالم. و اشتراكية البرجوازيين تصوغ من هذا التصوّر المعزّي نصف مذهب أو مذهبا كاملا. و هي, بدعوتها البروليتاريا إلى تحقيق مذاهبها و الدخول إلى أورشليم الجديدة, تطالب في الحقيقة فقط بأن تتشبّث (البروليتاريا) بالمجتمع الراهن, على أن تنفض عنها تصورات كراهيتها لهذا المجتمع.
و هناك شكل آخر لهذه الإشتراكية, عمليا أكثر و أقل تمذهبا, سعى إلى جعل الطبقة العاملة تنفر من كل حركة ثورية, بالبرهنة على أنّ ما يسعه أن يُفيدها, ليس هذا التغيير السياسي أو ذاك, و إنّما فقط تغيير أوضاع الحياة المادية, أي الأوضاع الإقتصادية. و هذه الإشتراكية لا تفهم إطلاقا أنّ تغيير أوضاع الحياة المادية يقتضي إلغاء علاقات الإنتاج البرجوازية, الذي لا يتمّ إلاّ بالطريق الثوري, بل تعني إصلاحات إدارية تستند إلى أساس علاقات الإنتاج هذه, أي أنها لا تغير شيئا في العلاقة بين رأس المال و العمل المأجور, بل تـقلل, في أفضل الأحوال, نفقات سيطرة البرجوازية و تخفف ميزانية الدولة.
فاشتراكية البرجوازيين لا تبلغ تعبيرها المُلائم إلاّ عندما تسمي مجرد تعبير بياني. فحرية التجارة, لمصلحة الطبقة العاملة, و الحماية الجمركية, لمصلحة الطبقة العاملة, و السجون الإنفرادية, لمصلحة الطبقة العاملة: هذه هي الكلمة الأخيرة و الوحيدة الجادة, التي تقصدها اشتراكية البرجوازيين.
فاشتراكية البرجوازية لا تكمن إلاّ في الإدعاء القائل إنّ البرجوازيين هم برجوازيون - لمصلحة الطبقة العاملة.


3 - الإشتراكية و الشيوعية النقديتان الطوباويتان
و هنا لا نتحدث عن الأدب الذي أعرب, في كل الثورات الكبرى الحديثة, عن مطالب البروليتاريا (كتابات بابوف, إلخ..)
فالمحاولات الأولى للبروليتاريا, لتغليب مصالحها الطبقية مباشرة في زمن غليان عام عهد انهار المجتمع الإقطاعي, أخفقت بالضرورة نظرا إلى جنينية البروليتاريا نفسها, و إلى فقدان الشروط المادية لتحرّرها, التي هي, قبل كل شيء, حصيلة العصر البرجوازي. و الأدب الثوري, الذي كان يرافق هذه الحركات الأولى للبروليتاريا, هو بالضرورة رجعي المحتوى. فهو يدعو إلى تقشف عام, إلى مساواتية فجة.
و في الحقيقة فإنّ المذاهب الإشتراكية و الشيوعية, مذاهب سان سيمون, و فورييه, و أوين, إلخ.. ظهرت في الحقبة الأولى الجنينية من الصراع بين البروليتاريا و البرجوازية, أي في الحقبة التي ذكرناها آنفا (راجع: برجوازية و بروليتاريا).
إنّ مبتدعي هذه المذاهب يستبينون حقا التناحر بين الطبقات, مثلما يستبينون تأثير العناصر الهدّامة في المجتمع السائد نفسه, لكنهم لا يتبيَّـنون في إتّجاه البروليتاريا أيّ فعل تاريخي تلقائي, أو أيّة حركة سياسية خاصة بها.
و لما كان نمو التناحر الطبقي يواكب نمو الصناعة, فإنّهم كذلك لا يعثرون على الشروط المادية لتحرّر البروليتاريا, و يأخذون في البحث عن علم مجتمعي, عن قوانين مجتمعية, لخلق هذه الشروط.
فعن النشاط المجتمعي يستعيضون بنشاط حذاقتهم الشخصية, و عن الشروط التاريخية للتحرر (يستعيضون) بشروط كيفية, و عن تنظيم البروليتاريا في طبقة تنظيما تدريجيا متصاعدا (يستعيضون) بتنظيم للمجتمع يختلقونه. و في نظرهم, فإنّ تاريخ العالم المقبل ينحلّ في الدعاية و في التنفيذ العملي لتصاميمهم المجتمعية.
و لكنهم يعون أنّهم بتصاميمهم يُدافعون بالدرجة الأولى عن مصالح الطبقة العاملة, بوصفها الطبقة الأكثر معاناة. فالبروليتاريا بالنسبة إليهم لا تكون إلا بهيئة الطبقة الأكثر معاناة.
و عن الشكل الأوَّلي للصراع الطبقي, و كذلك عن وضعهم المعيشي, ينتج اعتقادهم بأنهم فوق كل تناحر طبقي. فهم يريدون أن يُحسِّنوا الوضع الحياتي لكل أعضاء المجتمع, حتى لأكثرهم يسرا. و لذا يتوجهون باستمرار إلى المجتمع بأسره بدون تمييز, بل (يتوجهون) بالأحرى إلى الطبقة السائدة. فحَسْب المرء أن يفهم مذهبهم كي يعترف بأنّه أفضل خطة ممكنة لأفضل مجتمع ممكن.
فهم إذن, ينبذون كل نشاط سياسي, و خصوصا كل نشاط ثوري, و يريدون بلوغ هدفهم بطريقة سلمية, و يحاولون أن يشقوا الطريق للإنجيل المجتمعي الجديد بتجارب صغيرة فاشلة بالطبع و بقوة المثال.
و هذا الوصف الخياليّ للمجتمع المقبل, في ومن ما زالت فيه البروليتاريا, الضعيفة النمو إلى حدّ بعيد تَنظر في وضعها بكيفية هي ذاتها خياليّة, ينبثق من اندفاعاتها السليقية الأولى نحو تحويل المجتمع تحويلا شاملا.
بَيْد أنّ الكتابات الإشتراكية و الشيوعية تشتمل أيضا على عناصر نقدية. فهي تهاجم المجتمع القائم بكل أسسه. و من ثم فإنّها تُـقدِّم مادة قيّمة جدا لتنوير العمال. فإنّ موضوعاتها الإيجابية عن مجتمع المستقبل, مثل إزالة التناقض بين المدينة و الريف, و إلغاء العائلة, و الربح الخاص, و العمل المأجور, و المناداة بالإنسجام المجتمعي, و بتحويل الدولة إلى مجرّد إدارة للإنتاج, هذه الموضوعات كلُّها لا تعبّر إلاّ عن إلغاء التناحر الطبقي الذي ابتدأ ينمو, و الذي لا تعرف هذه الكتابات إلاّ شكله الأوّلي المبهم غير المحدد - و لذا ليس لهذه الموضوعات حتى الآن سوى معنى طوباوي صرف.
فأهمية الإشتراكية و الشيوعية النقديتين - الطوباويتين تتناسب عكسا و التطور التاريخي. فبقدر ما ينمو الصراع الطبقي و يتجسم, يفقد هذا الترفُّع الخيالي عن هذا الصراع, و (تفقد) مكافحته المتخيلة, كل قيمة عملية, و كل تبرير نظري. و لهذا, إذا كان واضعوا هذه المذاهب ثوريين في كثير من النواحي, فإنّ مريديهم يؤلفون في كل حين شيعا رجعية. فهم يتشبّثون بآراء أساتذتهم القديمة تجاه التطور التاريخي المطّرد للبروليتاريا. و لذا يسعَون بإصرار إلى إخماد الصراع الطبقي الجديد, و إلى التوفيق بين التناقضات. فهم لا يزالون يحلمون بأن يحققوا تجريبيا طوباوياتهم المجتمعية - إقامة الفالانستيرات (4) المعزولة, و تأسيس مستوطنات داخلية (5), و تأسيس إيكارية (6) صغيرة - طبعة مُصغَّرة عن أورشليم الجديدة - و لبناء هذه القصور كلها على الرمال توجب عليهم أن يُناشدوا رأفة القلوب و الجيوب البرجوازية. و شيئا فشيئا ينحدرون إلى مصاف فصيلة الإشتراكيين الرجعيين أو المحافظين الذين جرى وصفهم آنفا, و هم لا يختلفون عنهم إلاّ بحذلقة أكثر منهجية, و باعتقاد خرافيّ متعصّب بالمفعول العجائبي لعملهم المجتمعي.
و لذا يتصدّون بضراوة لكل حركة سياسية عُمّالية, إذ لا يُمكن أن تصدر إلاّ عن كفر أعمى بالإنجيل الجديد.
الأوينيون في إنكلترا, و الفورييويون في فرنسا, يقاومون هناك الشارتيين و هنا الإصلاحيين.


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(1) المقصود هنا, ليس إعادة المَلَكية في إنكلترا 1660 - 1689 , بل في فرنسا 1814 - 1830. (ملاحظة إنجلس للطبعة الإنكليزية 1888)
(2) هذا ينطبق بالدرجة الأولى على ألمانيا, حيث الأرستقراطيون الزراعيون و كبار أصحاب الأراضي الألمان, يشرفون على إدارة الشؤون الاقتصادية في القسم الأكبر من أراضيهم, على حسابهم الخاص بواسطة الوكلاء, و حيث يملكون علاوة على ذلك معامل كبير للسكر و العرق. أمّا أغنى الأرستقراطيين الإنكليز فلم تبلغ بهم الحال بعد هذه الدرجة, إلاّ أنهم يعرفون هم أيضا كيف يُعوّضون عن هبوط الريع بإعطاء أسمائهم لمؤسسي شركات مساهمة, مشكوك فيها إلى هذا الحد أو ذاك. (ملاحظة إنجلس للطبعة الإنكليزية 1888)
(3) عاصفة ثورة عام 1848 كنست هذا الإتجاه الرث كله, و أفقدت داعامة الرغبة في مواصلة الانشغال بالاشتراكية. و المثل الرئيسي, بل النمط الكلاسيكي لهذا الإتجاه, هو السيد كارل غرون (ملاحظة إنجلس الطبعة الألمانية 1890)
(4) فلانستير, إسم القصور الإجتماعية التي تخيّلها فورييه. (ملاحظة إنجلس الطبعة الألمانية 1890)
(5) المستوطنات الداخلية Home - Colonies. هكذا سمى أوين مجتمعاته الشيوعية النموذجية. (ملاحظة إنجلس الطبعة الألمانية 1890)
(6) إيكارية Icarie . إسم أطلقه كابه على بلد تخيّله, ثم على مستعمرة شيوعية, أنشأها في أمريكا. (ملاحظة إنجلس للطبعة الإنكليزية 1888) أسم بلد خيالي طوباوي وصف به كابه مؤسساته الشيوعية. (ملاحظة إنجلس الطبعة الألمانية 1890)



الفصل الرابع
موقف الشيوعيين من مختلف أحزاب المعارضة





وفقا للفصل الثاني يتضح بالبداهة موقف الشيوعيين من الأحزاب العمالية القائمة, و بالتالي موقفهم من الشارتيين في إنكلترا, و الإصلاحيين الزراعيين في أمريكا الشمالية.

فهم (الشيوعيون) يناضلون لتحقيق الأهداف و المصالح المباشرة للطبقة العاملة, لكنهم في الوقت نفسه يمثلون, في الحركة الراهنة, مستقبل الحركة. ففي فرنسا ينضم الشيوعيون إلى الحزب الإشتراكي - الديمقراطي (1) ضدّ البرجوازية المحافظة و الراديكالية, بدون أن يتخلوا عن حق اتّخاذ موقف نقدي من الجُمل الرنانة و الأوهام التي خلفها التقليد الثوري.

و في سويسرا, يساندون الراديكاليين, بدون أن يَغيب عن بالهم أنّ هذا الحزب يتكوّن من عناصر متناقضة, متَّسم (مُؤلَّف) من إشتراكيين و ديمقراطيين بالمفهوم الفرنسي للكلمة, و قسم من برجوازيين راديكاليين.

و في بولونيا (بولندا) يساند الشيوعيون الحزب الذي يجعل من الثورة الزراعية شرطا للتحرر الوطني, أي ذلك الحزب الذي بثّ الحياة في انتفاضة كراكاو عام 1846.
و في ألمانيا يُناضل الحزب الشيوعي مع البرجوازية كلما قاومت البرجوازية مقاومة ثورية, النظام الملكي المطلق, و الملكية العقارية الإقطاعية, و البرجوازية الصغيرة الضيقة الأفق.

بيد أنّه لا يتغافل لحظة عن خلق وعي, واضح قدر الإمكان, لدى العمال حول التناقض العدائي بين البرجوازية و البروليتاريا, حتى يستطيع العمال الألمان أن يوجّهوا فورا الشروط المجتمعية و السياسية التي توجدها البرجوازية و سلطتها, كأسلحة عديدة, ضد البرجوازية, كي يبدأ النضال ضد البرجوازية نفسها فور إسقاط الطبقات الرجعية في ألمانيا.

فإلى ألمانيا يُوجِّه الشيوعيون اهتمامهم الرئيسي, لأنّ ألمانيا على أعتاب ثورة برجوازية, لأنّها ستـنجز هذا التحول في شروط الحضارة الأوروبية الأكثر تقدما, و مع بروليتاريا نامية للغاية, أكثر منها في إنكلترا في القرن السابع عشر, و في فرنسا في القرن الثامن عشر, لأنّ الثورة البرجوازية الألمانية بالتالي لا يمكنها إلاّ أن تكون استهلالا مباشرا لثورة بروليتارية.

و باختصار يُساند الشيوعيون, في كل مكان, كل حركة ثورية ضد الأوضاع المجتمعية و السياسية القائمة.

و في كل هذه الحركات يُبرزون مسألة الملكية, مهما كانت درجة تطور الشكل الذي تتخذه, المسألة الأساسية للحركة.

و أخيرا يعمل الشيوعيون, في كل مكان, على إقامة العلاقات, و على تحقيق التفاهم بين الأحزاب الديمقراطية في جميع البلدان.

و يأنف الشيوعيون من إخفاء آرائهم و مقاصدهم, و يُنادون علانية بأن لا سبيل لبلوغ أهدافهم إلاّ بإسقاط النظام المجتمعي القائم, بالعُنف. فلترتعد الطبقات السائدة خوفا من ثورة شيوعية. فليس للبروليتاريين ما يفقدونه فيها سوى أغلالهم و أمامهم عالما يكسبونه. أيّها البروليتاريون, في جميع البلدان, إتحدوا(2).


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(1) هذا الحزب كان يمثّله في البرلمان حينئذ ليدرو رولان, و في الأدب لوي بلان, و في الصحافة اليومية جريدة "لا ريفورم" (الإصلاح). و كانوا يشيرون بالإشتراكي الديمقراطي, هذا الإسم الذي اخترعه, إلى هذا القسم من الحزب الديمقراطي أو الجمهوري الذي كان يتصف, إلى هذه الدرجة أو تلك, باللون الإشتراكي (ملاحظة إنجلس للطبعة الإنكليزية 1888). ما كان يُسمَّى حينئذ في فرنسا بالحزب الإشتراكي الديمقراطي, كان يُمثـله في السياسة ليدرو رولان, و في الأدب لوي بلان, و بالتالي كان بعيدا جدا عن الإشتراكية الديمقراطية الألمانية الحالية (ملاحظة إنجلس للطبعة الألمانية 1890).

(2) هذا النداء درج على ترجمته بـ "يا عمّال العالم, إتحدوا".


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extrait:


KARL MARX : MANIFESTE DU PARTI COMMUNISME. Ce petit livre, rédigé conjointement avec Engels, est l'ouvrage le plus accessible de Marx. Il résume les thèses principales du marxisme: l'histoire de la société est l'histoire de la lutte des classes, celle-ci ne prendra fin qu'avec la prise du pouvoir par le prolétariat et la constitution d'une «société sans classes» communiste.




1847
"Cet ouvrage expose avec une clarté et une vigueur remarquables la nouvelle conception du monde, la matérialisme conséquent étendu à la vie sociale, la dialectique, science la plus vaste et la plus profonde de l'évolution, la théorie de la lutte des classes et du rôle révolutionnaire dévolu dans l'histoire mondiale au prolétariat, créateur d'une société nouvelle, la société communiste." Lénine





Le manifeste du Parti communiste
Un spectre hante l'Europe : le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le pape et le tsar, Metternich et Guizot [1] , les radicaux de France et les policiers d'Allemagne.
Quelle est l'opposition qui n'a pas été accusée de communisme par ses adversaires au pouvoir ? Quelle est l'opposition qui, à son tour, n'a pas renvoyé à ses adversaires de droite ou de gauche l'épithète infamante de communiste ?
Il en résulte un double enseignement.
Déjà le communisme est reconnu comme une puissance par toutes les puissances d'Europe.
Il est grand temps que les communistes exposent à la face du monde entier, leurs conceptions, leurs buts et leurs tendances; qu'ils opposent au conte du spectre communiste un manifeste du Parti lui-même.
C'est à cette fin que des communistes de diverses nationalités se sont réunis à Londres et ont rédigé le Manifeste suivant, qui est publié en anglais, français, allemand, italien, flamand et danois.


I. Bourgeois et prolétaires [2]
L'histoire de toute société jusqu'à nos jours [3] n'a été que l'histoire de luttes de classes.
Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande [4] et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte.
Dans les premières époques historiques, nous constatons presque partout une organisation complète de la société en classes distinctes, une échelle graduée de conditions sociales. Dans la Rome antique, nous trouvons des patriciens, des chevaliers, des plébéiens, des esclaves; au moyen âge, des seigneurs, des vassaux, des maîtres de corporation, des compagnons, des serfs et, de plus, dans chacune de ces classes, une hiérarchie particulière.
La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n'a pas aboli les antagonismes de classes Elle n'a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d'oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d'autrefois.
Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l'époque de la bourgeoisie, est d'avoir simplifié les antagonismes de classes. La société se divise de plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat.
Des serfs du moyen âge naquirent les bourgeois des premières agglomérations urbaines; de cette population municipale sortirent les premiers éléments de la bourgeoisie.
La découverte de l'Amérique, la circumnavigation de l'Afrique offrirent à la bourgeoisie naissante un nouveau champ d'action. Les marchés des Indes Orientales et de la Chine, la colonisation de l'Amérique, le commerce colonial, la multiplication des moyens d'échange et, en général, des marchandises donnèrent un essor jusqu'alors inconnu au négoce, à la navigation, à l'industrie et assurèrent, en conséquence, un développement rapide à l'élément révolutionnaire de la société féodale en dissolution.
L'ancien mode d'exploitation féodal ou corporatif de l'industrie ne suffisait plus aux besoins qui croissaient sans cesse à mesure que s'ouvraient de nouveaux marchés. La manufacture prit sa place. La moyenne bourgeoisie industrielle supplanta les maîtres de jurande; la division du travail entre les différentes corporations céda la place à la division du travail au sein de l'atelier même.
Mais les marchés s'agrandissaient sans cesse : la demande croissait toujours. La manufacture, à son tour, devint insuffisante. Alors, la vapeur et la machine révolutionnèrent la production industrielle. La grande industrie moderne supplanta la manufacture; la moyenne bourgeoisie industrielle céda la place aux millionnaires de l'industrie, aux chefs de véritables armées industrielles, aux bourgeois modernes.
La grande industrie a créé le marché mondial, préparé par la découverte de l'Amérique. Le marché mondial accéléra prodigieusement le développement du commerce, de la navigation, des voies de communication. Ce développement réagit à son tour sur l'extension de l'industrie; et, au fur et a mesure que l'industrie, le commerce, la navigation, les chemins de fer se développaient, la bourgeoisie grandissait, décuplant ses capitaux et refoulant à l'arrière-plan les classes léguées par le moyen âge.
La bourgeoisie, nous le voyons, est elle-même le produit d'un long développement, d'une série de révolutions dans le mode de production et les moyens de communication.
A chaque étape de l'évolution que parcourait la bourgeoisie correspondait pour elle un progrès politique. Classe opprimée par le despotisme féodal, association armée s'administrant elle-même dans la commune [5], ici, république urbaine indépendante; là, tiers état taillable et corvéable de la monarchie, puis, durant la période manufacturière. contrepoids de la noblesse dans la monarchie féodale ou absolue, pierre angulaire des grandes monarchies, la bourgeoisie, depuis l'établissement de la grande industrie et du marché mondial, s'est finalement emparée de la souveraineté politique exclusive dans l'Etat représentatif moderne. Le gouvernement moderne n'est qu'un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière.
La bourgeoisie a joué dans l'histoire un rôle éminemment révolutionnaire.
Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l'homme féodal à ses "supérieurs naturels", elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du "paiement au comptant". Elle a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l'unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la place de l'exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale.
La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu'on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages.
La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n'être que de simples rapports d'argent.
La bourgeoisie a révélé comment la brutale manifestation de la force au moyen âge, si admirée de la réaction, trouva son complément naturel dans la paresse la plus crasse. C'est elle qui, la première, a fait voir ce dont est capable l'activité humaine. Elle a créé de tout autres merveilles que les pyramides d'Egypte, les aqueducs romains, les cathédrales gothiques; elle a mené à bien de tout autres expéditions que les invasions et les croisades [6]
La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c'est-à-dire l'ensemble des rapports sociaux. Le maintien sans changement de l'ancien mode de production était, au contraire, pour toutes les classes industrielles antérieures, la condition première de leur existence. Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux, figés et couverts de rouille, avec leur cortège de conceptions et d'idées antiques et vénérables, se dissolvent; ceux qui les remplacent vieillissent avant d'avoir pu s'ossifier. Tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d'envisager leurs conditions d'existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés.
Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s'implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations.
Par l'exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l'industrie sa base nationale. Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore chaque jour. Elles sont supplantées par de nouvelles industries, dont l'adoption devient une question de vie ou de mort pour toutes les nations civilisées, industries qui n'emploient plus des matières premières indigènes, mais des matières premières venues des régions les plus lointaines, et dont les produits se consomment non seulement dans le pays même, mais dans toutes les parties du globe. A la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains. A la place de l'ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations. Et ce qui est vrai de la production matérielle ne l'est pas moins des productions de l'esprit Les oeuvres intellectuelles d'une nation deviennent la propriété commune de toutes. L'étroitesse et l'exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour plus impossibles et de la multiplicité des littératures nationales et locales naît une littérature universelle.
Par le rapide perfectionnement des instruments de production et l'amélioration infinie des moyens de communication, la bourgeoisie entraîne dans le courant de la civilisation jusqu'aux nations les plus barbares. Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie qui bat en brèche toutes les murailles de Chine et contraint à la capitulation les barbares les plus opiniâtrement hostiles aux étrangers. Sous peine de mort, elle force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production ; elle les force à introduire chez elle la prétendue civilisation, c'est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image.
La bourgeoisie a soumis la campagne à la ville. Elle a créé d'énormes cités; elle a prodigieusement augmenté la population des villes par rapport à celles des campagnes, et par là, elle a arraché une grande partie de la population à l'abrutissement de la vie des champs. De même qu'elle a soumis la campagne à la ville, les pays barbares ou demi-barbares aux pays civilisés, elle a subordonné les peuples de paysans aux peuples de bourgeois, l'Orient à l'Occident.
La bourgeoisie supprime de plus en plus l'émiettement des moyens de production, de la propriété et de la population. Elle a aggloméré la population, centralisé les moyens de production et concentré la propriété dans un petit nombre de mains. La conséquence totale de ces changements a été la centralisation politique. Des provinces indépendantes, tout juste fédérées entre elles, ayant des intérêts, des lois, des gouvernements, des tarifs douaniers différents, ont été réunies en une seule nation, avec un seul gouvernement, une seule loi, un seul intérêt national de classe, derrière un seul cordon douanier.
La bourgeoisie, au cours de sa domination de classe à peine séculaire, a créé des forces productives plus nombreuses; et plus colossales que l'avaient fait toutes les générations passées prises ensemble. La domestication des forces de la nature, les machines, l'application de la chimie à l'industrie et à l'agriculture, la navigation à vapeur, les chemins de fer, les télégraphes électriques, le défrichement de continents entiers, la régularisation des fleuves, des populations entières jaillies du sol - quel siècle antérieur aurait soupçonné que de pareilles forces productives dorment au sein du travail social ?
Voici donc ce que nous avons vu : les moyens de production et d'échange. sur la base desquels s'est édifiée la bourgeoise, furent créés à l'intérieur de la société féodale. A un certain degré du développement de ces moyens de production et d'échange, les conditions dans lesquelles la société féodale produisait et échangeait, l'organisation féodale de l'agriculture et de la manufacture, en un mot le régime féodal de propriété, cessèrent de correspondre aux forces productives en plein développement. Ils entravaient la production au lieu de la faire progresser. Ils se transformèrent en autant de chaînes. Il fallait les briser. Et on les brisa.
A sa place s'éleva la libre concurrence, avec une constitution sociale et politique appropriée, avec la suprématie économique et politique de la classe bourgeoise.
Nous assistons aujourd'hui à un processus analogue. Les conditions bourgeoises de production et d'échange, le régime bourgeois de la propriété, la société bourgeoise moderne, qui a fait surgir de si puissants moyens de production et d'échange, ressemblent au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu'il a évoquées. Depuis des dizaines d'années, l'histoire de l'industrie et du commerce n'est autre chose que l'histoire de la révolte des forces productives modernes contre les rapports modernes de production, contre le régime de propriété qui conditionnent l'existence de la bourgeoisie et sa domination. Il suffit de mentionner les crises commerciales qui, par leur retour périodique, menacent de plus en plus l'existence de la société bourgeoise. Chaque crise détruit régulièrement non seulement une masse de produits déjà créés, mais encore une grande partie des forces productives déjà existantes elles-mêmes. Une épidémie qui, à toute autre époque, eût semblé une absurdité, s'abat sur la société, - l'épidémie de la surproduction. La société se trouve subitement ramenée à un état de barbarie momentanée; on dirait qu'une famine, une guerre d'extermination lui ont coupé tous ses moyens de subsistance; l'industrie et le commerce semblent anéantis. Et pourquoi ? Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d'industrie, trop de commerce. Les forces productives dont elle dispose ne favorisent plus le régime de la propriété bourgeoise; au contraire, elles sont devenues trop puissantes pour ce régime qui alors leur fait obstacle; et toutes les fois que les forces productives sociales triomphent de cet obstacle, elles précipitent dans le désordre la société bourgeoise tout entière et menacent l'existence de la propriété bourgeoise. Le système bourgeois est devenu trop étroit pour contenir les richesses créées dans son sein. - Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D'un côté, en détruisant par la violence une masse de forces productives; de l'autre, en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant plus à fond les anciens. A quoi cela aboutit-il ? A préparer des crises plus générales et plus formidables et à diminuer les moyens de les prévenir. Les armes dont la bourgeoisie s'est servie pour abattre la féodalité se retournent aujourd'hui contre la bourgeoisie elle-même.
Mais la bourgeoisie n'a pas seulement forgé les armes qui la mettront à mort; elle a produit aussi les hommes qui manieront ces armes, les ouvriers modernes, les prolétaires.
A mesure que grandit la bourgeoisie, c'est-à-dire le capital, se développe aussi le prolétariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu'à la condition de trouver du travail et qui n'en trouvent que si leur travail accroît le capital. Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise, un article de commerce comme un autre; ils sont exposés, par conséquent, à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché.
Le développement du machinisme et la division du travail, en faisant perdre au travail de l'ouvrier tout caractère d'autonomie, lui ont fait perdre tout attrait. Le producteur devient un simple accessoire de la machine, on n'exige de lui que l'opération la plus simple, la plus monotone, la plus vite apprise. Par conséquent, ce que coûte l'ouvrier se réduit, à peu de chose près, au coût de ce qu'il lui faut pour s'entretenir et perpétuer sa descendance. Or, le prix du travail [7], comme celui de toute marchandise, est égal à son coût de production. Donc, plus le travail devient répugnant, plus les salaires baissent. Bien plus, la somme de labeur s'accroît avec le développement du machinisme et de la division du travail, soit par l'augmentation des heures ouvrables, soit par l'augmentation du travail exigé dans un temps donné, l'accélération du mouvement des machines, etc.
L'industrie moderne a fait du petit atelier du maître artisan patriarcal la grande fabrique du capitalisme industriel. Des masses d'ouvriers, entassés dans la fabrique, sont organisés militairement. Simples soldats de l'industrie, ils sont placés sous la surveillance d'une hiérarchie complète de sous-officiers et d'officiers. Ils ne sont pas seulement les esclaves de la classe bourgeoise, de l'Etat bourgeois, mais encore, chaque jour, à chaque heure, les esclaves de la machine, du contremaître et surtout du bourgeois fabricant lui-même. Plus ce despotisme proclame ouvertement le profit comme son but unique, plus il devient mesquin, odieux, exaspérant.
Moins le travail exige d'habileté et de force, c'est-à-dire plus l'industrie moderne progresse, et plus le travail des hommes est supplanté par celui des femmes et des enfants. Les distinctions d'âge et de sexe n'ont plus d'importance sociale pour la classe ouvrière. Il n'y a plus que des instruments de travail, dont le coût varie suivant l'âge et le sexe.
Une fois que l'ouvrier a subi l'exploitation du fabricant et qu'on lui a compté son salaire, il devient la proie d'autres membres de la bourgeoisie : du propriétaire, du détaillant, du prêteur sur gages, etc., etc.
Petits industriels, marchands et rentiers, artisans et paysans, tout l'échelon inférieur des classes moyennes de jadis, tombent dans le prolétariat; d'une part, parce que leurs faibles capitaux ne leur permettant pas d'employer les procédés de la grande industrie, ils succombent dans leur concurrence avec les grands capitalistes; d'autre part, parce que leur habileté technique est dépréciée par les méthodes nouvelles de production. De sorte que le prolétariat se recrute dans toutes les classes de la population.
Le prolétariat passe par différentes phases d'évolution. Sa lutte contre la bourgeoisie commence avec son existence même.
La lutte est engagée d'abord par des ouvriers isolés, ensuite par les ouvriers d'une même fabrique, enfin par les ouvriers d'une même branche d'industrie, dans une même localité, contre le bourgeois qui les exploite directement. Ils ne dirigent pas seulement leurs attaques contre les rapports bourgeois de production : ils les dirigent contre les instruments de production eux-mêmes; ils détruisent les marchandises étrangères qui leur font concurrence, brisent les machines, brûlent les fabriques et s'efforcent de reconquérir la position perdue de l'artisan du moyen age.
A ce stade, le prolétariat forme une masse disséminée à travers le pays et émiettée par la concurrence. S'il arrive que les ouvriers se soutiennent par l'action de masse, ce n'est pas encore là le résultat de leur propre union, mais de celle de la bourgeoisie qui, pour atteindre ses fins politiques propres, doit mettre en branle le prolétariat tout entier, et qui possède encore provisoirement le pouvoir de le faire. Durant cette phase, les prolétaires ne combattent donc pas leurs propres ennemis, mais les ennemis de leurs ennemis, c'est-à-dire les vestiges de la monarchie absolue, propriétaires fonciers, bourgeois non industriels, petits bourgeois. Tout le mouvement historique est de la sorte concentré entre les mains de la bourgeoisie; toute victoire remportée dans ces conditions est une victoire bourgeoise.
Or, le développement de l'industrie, non seulement accroît le nombre des prolétaires, mais les concentre en masses plus considérables; la force des prolétaires augmente et ils en prennent mieux conscience. Les intérêts, les conditions d'existence au sein du prolétariat, s'égalisent de plus en plus, à mesure que la machine efface toute différence dans le travail et réduit presque partout le salaire à un niveau également bas. Par suite de la concurrence croissante des bourgeois entre eux et des crises commerciales qui en résultent, les salaires deviennent de plus en plus instables; le perfectionnement constant et toujours plus rapide de la machine rend la condition de l'ouvrier de plus en plus précaire; les collisions individuelles entre l'ouvrier et le bourgeois prennent de plus en plus le caractère de collisions entre deux classes. Les ouvriers commencent par former des coalitions contre les bourgeois pour la défense de leurs salaires. Ils vont jusqu'à constituer des associations permanentes pour être prêts en vue de rébellions éventuelles. Çà et là, la lutte éclate en émeute.
Parfois, les ouvriers triomphent; mais c'est un triomphe éphémère. Le résultat véritable de leurs luttes est moins le succès immédiat que l'union grandissante des travailleurs Cette union est facilitée par l'accroissement des moyens de communication qui sont créés par une grande industrie et qui permettent aux ouvriers de localités différentes de prendre contact. Or, il suffit de cette prise de contact pour centraliser les nombreuses luttes locales, qui partout revêtent le même caractère, en une lutte nationale, en une lutte de classes. Mais toute lutte de classes est une lutte politique, et l'union que les bourgeois du moyen âge mettaient des siècles à établir avec leurs chemins vicinaux, les prolétaires modernes la réalisent en quelques années grâce aux chemins de fer.
Cette organisation du prolétariat en classe, et donc en parti politique, est sans cesse détruite de nouveau par la concurrence que se font les ouvriers entre eux. Mais elle renaît toujours, et toujours plus forte, plus ferme, plus puissante. Elle profite des dissensions intestines de la bourgeoisie pour l'obliger à reconnaître, sous forme de loi, certains intérêts de la classe ouvrière : par exemple le bill de dix heures en Angleterre.
En général, les collisions qui se produisent dans la vieille société favorisent de diverses manières le développement du prolétariat. La bourgeoisie vit dans un état de guerre perpétuel; d'abord contre l'aristocratie, puis contre ces fractions de la bourgeoisie même dont les intérêts entrent en conflit avec le progrès de l'industrie, et toujours, enfin, contre la bourgeoisie de tous les pays étrangers. Dans toutes ces luttes, elle se voit obligée de faire appel au prolétariat, de revendiquer son aide et de l'entraîner ainsi dans le mouvement politique. Si bien que la bourgeoisie fournit aux prolétaires les éléments de sa propre éducation, c'est-à-dire des armes contre elle-même.
De plus, ainsi que nous venons de le voir, des fractions entières de la classe dominante sont, par le progrès de l'industrie, précipitées dans le prolétariat, ou sont menacées, tout au moins, dans leurs conditions d'existence. Elles aussi apportent au prolétariat une foule d'éléments d'éducation.
Enfin, au moment où la lutte des classes approche de l'heure décisive, le processus de décomposition de la classe dominante, de la vieille société tout entière, prend un caractère si violent et si âpre qu'une petite fraction de la classe dominante se détache de celle-ci et se rallie à la classe révolutionnaire, à la classe qui porte en elle l'avenir. De même que, jadis, une partie de la noblesse passa à la bourgeoisie, de nos jours une partie de la bourgeoisie passe au prolétariat, et, notamment, cette partie des idéologues bourgeois qui se sont haussés jusqu'à la compréhension théorique de l'ensemble du mouvement historique.
De toutes les classes qui, à l'heure présente, s'opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique.
Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu'elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices; bien plus, elles sont réactionnaires : elles cherchent à faire tourner à l'envers la roue de l'histoire. Si elles sont révolutionnaires, c'est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat.
Quant au lumpenprolétariat [8], ce produit passif de la pourriture des couches inférieures de la vieille société, il peut se trouver, çà et là, entraîné dans le mouvement par une révolution prolétarienne; cependant, ses conditions de vie le disposeront plutôt à se vendre à la réaction.
Les conditions d'existence de la vieille société sont déjà détruites dans les conditions d'existence du prolétariat. Le prolétaire est sans propriété; ses relations avec sa femme et ses enfants n'ont plus rien de commun avec celles de la famille bourgeoise; le travail industriel moderne, l'asservissement de l'ouvrier au capital, aussi bien en Angleterre qu'en France, en Amérique qu'en Allemagne, dépouillent le prolétaire de tout caractère national. Les lois, la morale, la religion sont à ses yeux autant de préjugés bourgeois derrière lesquels se cachent autant d'intérêts bourgeois.
Toutes les classes qui, dans le passé, se sont emparées du pouvoir essayaient de consolider leur situation acquise en soumettant la société aux conditions qui leur assuraient leurs revenus propres. Les prolétaires ne peuvent se rendre maîtres des forces productives sociales qu'en abolissant leur propre mode d'appropriation d'aujourd'hui et, par suite, tout le mode d'appropriation en vigueur jusqu'à nos jours. Les prolétaires n'ont rien à sauvegarder qui leur appartienne, ils ont à détruire toute garantie privée, toute sécurité privée antérieure.
Tous les mouvements historiques ont été, jusqu'ici, accomplis par des minorités ou au profit des minorités. Le mouvement prolétarien est le mouvement spontané de l'immense majorité au profit de l'immense majorité. Le prolétariat, couche inférieure de la société actuelle, ne peut se soulever, se redresser, sans faire sauter toute la superstructure des couches qui constituent la société officielle.
La lutte du prolétariat contre la bourgeoisie, bien qu'elle ne soit pas, quant au fond, une lutte nationale, en revêt cependant tout d'abord la forme. Il va sans dire que le prolétariat de chaque pays doit en finir, avant tout, avec sa propre bourgeoisie.
En esquissant à grands traits les phases du développement du prolétariat, nous avons retracé l'histoire de la guerre civile, plus ou moins larvée, qui travaille la société actuelle jusqu'à l'heure où cette guerre éclate en révolution ouverte, et où le prolétariat fonde sa domination par le renversement violent de la bourgeoisie.
Toutes les sociétés antérieures, nous l'avons vu, ont reposé sur l'antagonisme de classes oppressives et de classes opprimées. Mais, pour opprimer une classe, il faut pouvoir lui garantir des conditions d'existence qui lui permettent, au moins, de vivre dans la servitude. Le serf, en plein servage, est parvenu a devenir membre d'une commune, de même que le petit-bourgeois s'est élevé au rang de bourgeois, sous le joug de l'absolutisme féodal. L'ouvrier moderne au contraire, loin de s'élever avec le progrès de l'industrie, descend toujours plus bas, au-dessous même des conditions de vie de sa propre classe. Le travailleur devient un pauvre, et le paupérisme s'accroît plus rapidement encore que la population et la richesse. Il est donc manifeste que la bourgeoisie est incapable de remplir plus longtemps son rôle de classe dirigeante et d'imposer à la société, comme loi régulatrice, les conditions d'existence de sa classe. Elle ne peut plus régner, parce qu'elle est incapable d'assurer l'existence de son esclave dans le cadre de son esclavage, parce qu'elle est obligée de le laisser déchoir au point de devoir le nourrir au lieu de se faire nourrir par lui. La société ne peut plus vivre sous sa domination, ce qui revient à dire que l'existence de la bourgeoisie n'est plus compatible avec celle de la société.
L'existence et la domination de la classe bourgeoise ont pour condition essentielle l'accumulation de la richesse aux mains des particuliers, la formation et l'accroissement du Capital; la condition d'existence du capital, c'est le salariat. Le salariat repose exclusivement sur la concurrence des ouvriers entre eux. Le progrès de l' industrie, dont la bourgeoisie est l'agent sans volonté propre et sans résistance, substitue à l'isolement des ouvriers résultant de leur concurrence, leur union révolutionnaire par l'association. Ainsi, le développement de la grande industrie sape, sous les pieds de la bourgeoisie, le terrain même sur lequel elle a établi son système de production et d'appropriation. Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs. Sa chute et la victoire du prolétariat sont également inévitables.




Notes


[1] Pie IX, élu pape en 1846, passait pour "un libéral", mais il n'était pas moins hostile au socialisme que le tsar Nicolas I° qui, dès avant la révolution de 1848, joua en Europe le rôle de gendarme. Juste à ce moment-là, il y eut lieu un rapprochement entre Metternich, chancelier de l'Empire autrichien et chef reconnu de toute la réaction européenne, et Guizot, historien éminent et ministre français idéologue de la grande bourgeoisie financière et industrielle et ennemi intransigeant du prolétariat. A la demande du gouvernement prussien, Guizot expulsa Marx de Paris. La police allemande persécutait les communistes non seulement en Allemagne mais aussi en France, en Belgique et même en Suisse, s'efforçant par tous les moyens d'entraver leur propagande. (N.R.)


[2] On entend par bourgeoisie la classe des capitalistes modernes, propriétaires des moyens de production sociale et qui emploient le travail salarié. On entend par prolétariat la classe des ouvriers salariés modernes qui, privés de leurs propres moyens de production, sont obligés pour subsister, de vendre leur force de travail. (Note d'Engels pour l'édition anglaise en 1888).


[3] Ou plus exactement l'histoire écrite. En 1847, l'histoire de l'organisation sociale qui a précédé toute l'histoire écrite, la préhistoire, était à peu près inconnue. Depuis Haxthausen a découvert en Russie la propriété commune de la terre. Maurer a démontré qu'elle est la base sociale d'où sortent historiquement toutes les tribus allemandes et on a découvert, petit à petit, que la commune rurale, avec possession collective de la terre, a été la forme primitive de la société depuis les Indes jusqu'à l'Irlande. Enfin, la structure de cette société communiste primitive a été mise à nu dans ce qu'elle a de typique par la découverte de Morgan qui a fait connaître la nature véritable de la gens et sa place dans la tribu. Avec la dissolution de ces communautés primitives commence la division de la société en classes distinctes, et finalement opposées. J'ai essayé d'analyser ce procès de dissolution dans l'ouvrage l'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, 2° édition, Stuttgart 1886. (Note d'Engels pour l'édition anglaise de 1888). Haxthausen, August (1792-1866), baron prussien. Le tsar Nicolas Ier l'autorisa à visiter la Russie pour y étudier le régime agricole et la vie des paysans (1843-1844). Haxthausen écrit un ouvrage consacré à la description des vestiges du régime communautaire dans les rapports terriens de la Russie. (N.R.) Maurer, Georg Ludwig (1790-1872), historien allemand; il étudia le régime de la Germanie et de l'Allemagne du moyen âge et fit un apport important à l'étude de la marche du moyen âge. (N.R.) Morgan, Lewis Henry (1818-1881), ethnographe, archéologue et historien américain. Grâce aux nombreuses données ethnographiques accumulées au cours de son étude du régime social et de la vie des Indiens de l'Amérique, Morgan fonda sa doctrine sur l'évolution de la gens en tant que la forme principale de la société primitive. C'est à lui également qu'appartient la tentative de diviser en périodes l'histoire de la société primitive sans classes. Marx et Engels appréciaient beaucoup l'oeuvre de Morgan. Marx fit un résumé de son ouvrage la Société ancienne (1877). Dans son ouvrage l'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, Engels cite les données de fait fournies par Morgan. (N.R.)


[4] Maître de jurande, c'est-à-dire membre de plein droit d'une corporation, maître du corps de métier et non juré. (Note d'Engels pour l'édition anglaise de 1888.)


[5] On désignait sous le nom de communes les villes qui surgissaient en France avant même qu'elles eussent conquis sur leurs seigneurs et maîtres féodaux l'autonomie locale et les droits politiques du "tiers état". D'une façon générale, l'Angleterre apparaît ici en tant que pays type du développement économique de la bourgeoisie; la France en tant que pays type de son développement politique. (Note d'Engels pour l'édition anglaise de 1888.)
C'est ainsi que les habitants des villes, en Italie et en France appelaient leur communauté urbaine, une fois achetés ou arrachés à leurs seigneurs féodaux leurs premiers droits à une administration autonome. (Note d'Engels pour l'édition allemande de 1890.)


[6] Expéditions militaires et colonisatrices entreprises en Orient par les gros féodaux et chevaliers de l'Europe de l'Ouest aux XI°-XIII° siècles sous le couvert du mot d'ordre religieux de libération de Jérusalem et de la Terre sainte du joug musulman. (N.R.).


[7] Dans les écrits postérieurs, Marx et Engels remplacent les expressions "valeur du travail" et "prix du travail" par ]es termes plus exacts "valeur de la force de travail" et "prix de la force du travail" introduits par Marx. (N.R.)


[8] Le lumpenprolétariat (terme emprunté de l'allemand où le mot "Lumpen" veut dire "haillons"), éléments déclassés, voyous, mendiants, voleurs, etc. Le lumpenprolétariat est incapable de mener une lutte politique organisée; son instabilité morale, son penchant pour l'aventure permettent à la bourgeoisie d'utiliser ses représentants comme briseurs de grève, membres des bandes de pogrom, etc. (N.R.)







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