الوثيقة القادرية

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الوثيقة القادرية انحراف عميق في تاريخ الامة

dimanche 29 septembre 2013

Un médecin attaque un confrère en justice pour la mort de sa fille

Un médecin attaque un confrère en justice pour la mort de sa fille

Amélie Birembaux, 9 ans, est décédée le 4 septembre 2004 à l’hôpital Purpan de Toulouse où elle avait été transportée d’urgence après avoir été opérée la veille à la clinique Montréal de Carcassonne (Aude) d’une appendicectomie. Un drame qui a mis en émoi toute une région et jeté un grand trouble dans la clinique, d’autant que le père de la fillette exerçait comme pédiatre au sein de cet établissement.
Que s’est-il donc passé le 3 septembre 2004, à la clinique Montréal de Carcassonne ? Dans le département de l’Aude, nombreux sont ceux qui se sont posé cette question dans les semaines qui ont suivi cette date fatidique. A la sortie des écoles, à la terrasse des cafés, il se murmurait que le Dr Xavier Birembaux, pédiatre dans cette clinique depuis 7 ans, y avait vu sa fille de 9 ans, hospitalisée pour une banale appendicite, mourir sous ses yeux. Il se murmurait que l’agonie de la fillette avait duré des heures. Mais impossible d’en savoir plus, aucun des trois grands quotidiens régionaux (la Dépêche du Midi, L’Indépendant, Le Midi Libre) n’ayant relaté ce drame dans ses colonnes.
Pourtant, les 320.000 habitants du département de l’Aude, directement concernés par la qualité des soins dispensés dans cet établissement privé, étaient en droit d’en savoir un peu plus ! En droit de savoir que le Dr C., le chirurgien qui a opéré cette enfant, lui a, dès les première minutes de l’intervention, perforé une artère vitale en introduisant ses instruments. Qu’il s’en est suivi une hémorragie interne que l’équipe médicale (le Dr C., le Dr G. anesthésiste-réanimateur et le Dr B., radiologue) a mis près de 10 heures à diagnostiquer et à traiter. Et encore, en décidant une évacuation vers les urgences de Toulouse, situées à 45 minutes de route, alors que la vie de l’enfant ne tenait déjà plus qu’à un fil. Un fil qui s’est rompu à l’entrée du bloc opératoire de l’hôpital des Enfants de Toulouse...
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L’affaire aurait pu se résumer à ça : un pédiatre estimé perd sa fille dans la clinique où il pratique, à la suite d’une « maladresse » de l’un de ses confrères chirurgien et de l’aveuglement du reste de l’équipe médicale. Mais voilà, le Dr Birembaux, convaincu que les Drs C., G. et B. ont accumulé les manquements graves, a, dès le lendemain du drame, fait saisir le dossier médical de sa fille. A sa demande, le juge des référés du Tribunal de grande instance de Toulouse a ordonné une expertise contradictoire. Réalisée par un collège d’experts indépendants, elle vient d’être achevée et les conclusions sont accablantes pour le Dr P. C., chirurgien viscéral, le Dr JP G., anesthésiste-réanimateur, et le Dr J.B., radiologue, qui ont eu la fillette en charge ce jour-là.
A la lumière des documents figurant dans le dossier médical et du récit de chacun, les experts indépendants ont établi la responsabilité de ces trois praticiens dans la mort d’Amélie. Il y est dit qu’il y a eu « une sous-estimation de la situation dès la fin de l’intervention par toute l’équipe médicale (...) » et que « le décès est secondaire à l’hémorragie importante sous-estimée par perforation de l’artère iliaque droite consécutive à l’introduction du trocart ombilical ». De façon plus nominative, ce rapport précise que « les soins du Dr P. C., [chirurgien viscéral], n’ont pas été diligents ni conformes aux règles de l’art et aux données acquises de la science » et que « cet incident ne se serait certainement pas produit si le Dr C. avait pratiqué "l’open coelioscopie", de pratique systématique en chirurgie pédiatrique ».
Les soins de l’anesthésiste, le Dr JP G., « n’ont pas été conformes aux données de la science ». « Pour ce qui concerne l’interprétation des résultats du scanner par le radiologue, le Dr J. B., les soins n’ont pas été attentifs (manque de précision quant à la description écrite des lésions), n’ont pas été suffisamment diligents (le compte rendu précis aurait dû être fourni rapidement) et n’ont pas été conformes aux règles de l’art (la lecture des images obtenues n’a pas insisté sur la présence de la fuite iliaque). »
Bien plus qu’un simple fait divers
Plutôt que de faire jouer la loi Kouchner sur les aléas thérapeutiques, la famille de la petite Amélie a décidé d’assigner les trois praticiens devant un tribunal pénal, en citation directe. A leur grand désespoir, ils ne peuvent attaquer la clinique, protégée par un montage médico-juridique qui la décharge de toute responsabilité. En effet, la clinique se contente de louer ses locaux, son matériel, du personnel de service à des médecins indépendants.

Loin d’être un simple fait divers, l’affaire Amélie Birembaux pose d’inquiétantes questions sur la santé privée en France. Comment une enfant peut-elle être opérée, dans une clinique reconnue, par un praticien qui réalise 30 coelioscopies par an sur des enfants, alors qu’il ne dispose d’aucune formation pédiatrique, ni de matériel adapté et qui avoue lui-même « ne pas avoir pris connaissance des recommandations » édictées par la principale autorité médicale française, la Haute autorité en santé (ex-Agence nationale pour l’accréditation et l’évaluation en santé) ?
Comment une enfant peut-elle mourir d’une hémorragie interne non diagnostiquée, au terme de 15 heures d’agonie, pendant lesquelles l’anesthésiste enregistra deux malaises sévères (dont un avec perte de connaissance), une hémoglobine en chute libre, des douleurs abdominales aiguës, une pâleur extrême et une tachycardie persistante ? Deux heures après l’intervention, le Dr G. a pourtant consigné sur sa feuille de suivi que la fillette avait perdu plus de 500 ml de sang, un chiffre alarmant pour une enfant de 33 kg !
Comment un radiologue peut-il avouer n’avoir fait une lecture détaillée d’un scanner commandé en urgence pour un diagnostic vital qu’au terme de trois heures ? Et dans l’intervalle, passer à côté d’une évidence, à savoir « une lésion très active (...) témoignant d’une rupture vasculaire (...) » sur un gros vaisseau de l’organisme ? Ces trois heures ont définitivement compromis les minces chances de sauver la petite Amélie.
Surtout, comment ces trois praticiens ont-ils pu reprendre leurs activités quelques jours plus tard, sans qu’au moins une enquête interne ne soit diligentée ? Le père d’Amélie a, pourtant, dès le lendemain du drame, personnellement informé O. D., le directeur général de la clinique, des dysfonctionnements ayant conduit à cette mort tragique. Pourquoi les Dr C., G. et B. n’ont-ils pas été inquiétés par le conseil de l’ordre des médecins (dont le président est lui-même chirurgien à la clinique Montréal ?
Cette absence de réaction est des plus préoccupantes. Préoccupantes pour l’ensemble des patients de l’Aude, qui ignorent que le décès de la petite Amélie Birembaux à la clinique Montréal de Carcassonne n’est pas dû à la fatalité. Qui ignorent aussi que le Dr C. n’en est pas à son premier incident. D’autres victimes se sont spontanément manifestées auprès de la famille Birembaux endeuillée : une jeune fille, Karine Charles, qui, deux mois avant Amélie, a failli mourir des mêmes causes (hémorragie interne non diagnostiquée) ; un homme qui, six mois plus tôt, a eu l’intestin grêle perforé ; un autre qui a eu la vessie perforée en octobre, un mois à peine après ce drame. Combien d’autres patients, opérés en coeliochirurgie par le Dr C., ont eu à déplorer des « dommages collatéraux », sans que cela ne se sache ?
N.B.  : dans un autre service de cette clinique, une jeune fille de 21 ans est décédée, le 10 juin dernier, à la suite d’une ablation des dents de sagesse réalisée sous anesthésie générale. Les circonstances de ce décès n’ont pas encore été élucidées.
Source : rapport de l’expertise contradictoire effectuée le 19 janvier 2005, à la demande du juge des référés du Tribunal de grande instance de Toulouse. Expertise ayant conduit à l’audition de toutes les parties concernées par cette affaire, notamment : le Dr P. C., chirurgien viscéral, le Dr JP G., anesthésiste-réanimateur, le Dr J. B., radiologue, le Dr Xavier Birembaux, pédiatre et père d’Amélie, le Dr C. B., médecin biologiste et mère d’Amélie.

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